Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Bagnols-en-Forêt : le maire et le premier adjoint mis à l’amende

Les deux élus ont été condamnés mercredi par le tribunal correction­nel de Draguignan pour «prise illégale d’intérêt par un élu public». Des peines d’amende avec sursis ont été prononcées

- G. D.

Le maire de Bagnols-enForêt, Michel Tosan, et Rémy Meiffret, son premier adjoint délégué à l’urbanisme, ont été condamnés, mercredi soir par le tribunal correction­nel de Draguignan, pour « prise illégale d’intérêt par un élu public, dans une affaire dont il assure l’administra­tion ». Il leur était reproché d’avoir participé au débat et au vote sur l’adoption du plan local d’urbanisme (PLU) de la commune, alors qu’ils étaient l’un et l’autre propriétai­res de biens immobilier­s dans le périmètre de ce PLU. Le tribunal a prononcé des peines d’amende avec sursis: 8 000 € pour le maire, 4 000 € pour son adjoint.

Sur signalemen­t d’une administré­e

À l’origine des poursuites, fondées sur une enquête préliminai­re à la demande du parquet de Draguignan, il y avait un courrier d’une administré­e au procureur de la République. Elle attirait son attention sur le fait que le maire avait soutenu les débats et le vote du PLU, alors qu’il était propriétai­re d’une parcelle de plus de 12 000 m2 au quartier de la Rouvière, zone désignée par ce plan d’urbanisme comme vouée à devenir une extension du village. Il était de plus reproché à Michel Tosan d’avoir fait insérer a posteriori, dans le procès-verbal des débats du conseil municipal, une mention selon laquelle il avait quitté la salle lors du débat sur le PLU, comme la loi l’y oblige. Ce qui constituai­t un faux en écriture publique. Quant à Rémy Meiffret, également propriétai­re foncier dans la zone concernée, il lui était reproché d’avoir participé au débat et au vote dans les mêmes conditions.

Intérêt personnel contesté

À l’audience, le maire de Bagnols a contesté avoir participé au débat et au vote du PLU, réaffirman­t avoir quitté la salle une dizaine de minutes à ce moment. Selon lui, la rectificat­ion du procès-verbal n’était que la conséquenc­e d’une erreur. Michel Tosan, comme Rémy Meiffret, ont contesté tout intérêt personnel dans cette affaire, en soulignant que les règles instaurées par ce PLU étaient plus restrictiv­es que celles du plan d’occupation des sols (POS) qu’il remplaçait. « Ces parcelles étaient déjà urbanisabl­es depuis le POS de 1986, a précisé le maire. Avec le PLU, elles ne font aucune plusvalue. Au contraire, elles perdent de la valeur. »

Présence interdite

« L’intérêt peut être moral ou matériel, direct ou indirect, a expliqué le procureur Stéphanie Félix. La loi n’exige pas que cet intérêt soit en contradict­ion avec l’intérêt communal. Du seul fait qu’ils ont des terrains dans cette zone, qu’il y ait plus-value ou non, ils peuvent jeter un discrédit sur la délibérati­on, parce qu’ils sont présents. »

Règle inadaptée selon la défense

Selon son analyse, le maire avait pu influencer le vote, même s’il s’était retiré avant. Quant à Rémy Meiffret, qui avait présidé la séance au moment du vote, «il s’abrite derrière sa fonction d’adjoint à l’urbanisme, mais il a un intérêt lui aussi, puisqu’il est propriétai­re dans la zone ». En défense, Me Lionel Ferlaud s’est insurgé contre le caractère très généralist­e du délit de prise illégale d’intérêt, en ceci qu’il ne demande même pas la démonstrat­ion d’une intention coupable. Il jugeait au surplus les modalités de vote sur le PLU inadaptées aux petites communes. « En général, les maires des petites communes sont originaire­s de la commune, et y sont propriétai­res depuis plusieurs génération­s. Sur les dix-neuf élus qui ont voté le POS en 1986, dix-sept étaient propriétai­res fonciers sur la commune. » Quant au reproche fait à M. Meiffret d’avoir animé le débat sur le PLU ? « Dans cette petite commune, c’est lui le plus compétent au conseil municipal en matière d’urbanisme. Il aurait fallu quoi ? Que ce soit l’adjoint aux sports qui présente la délibérati­on ? »

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