« Macron va faire un carnage, Marine vite »
La panoplie du parfait électeur de Marine – on évite de dire Le Pen, SVP – c’est le drapeau tricolore et le pin’s qui clignote. Plein les yeux, hier soir, au meeting de la challenger d’Emmanuel Macron. Et plein les oreilles aussi. Des « On est chez nous », hurlés, toute gorge déployée. Des « On va gagner », chantés à tue-tête. «Desa mairie, il va nous entendre Estrosi ! On veut qu’il nous entende. Ça va lui faire les pieds. Le chant du peuple. Qu’il s’étouffe lorsqu’il verra que Macron a perdu », crie Patrick, 57 ans, Niçois. « Tous ces politiques professionnels qui profitent du système, ils se foutent de notre gueule. On va leur montrer la volonté de la France ». Thomas, 16 ans, droit comme un I a les larmes aux yeux, alors que le meeting n’est même pas encore commencé. Main sur le coeur, ce lycéen cannois attend celle pour qui il est prêt à «tout» , dit-il. «La France est morte, Marine est la seule à pouvoir lui redonner son rang. C’est une reine. Macron est le larbin de l’Europe », assène le freluquet. Plus bas, mais déjà en place, pancarte en main, Mathieu, 19 ans, Sylvain, 31 ans et Jean-Baptiste, 37 ans, attendent impatiemment. Ils viennent de Valderoure et de Castellane. « Moi j’ai toujours voté Le Pen. La première fois c’était pour son père mais je trouve que la fille est meilleure et je suis encore plus motivé depuis qu’elle est à la tête du FN» , commente Jean-Baptiste. Et ses deux potes acquiescent. Pas mieux. « Macron ? Laissez-moi rire ». Quelques rangs plus loin, Christelle, Drapoise de 40 ans avoue : « J’ai toujours voté à droite ». Au premier tour ça a été « Fillon », malgré « le fiasco de Sarkozy pendant 5 ans ». Alors les appels à voter Macron de son camp, elle s’en balance. « Je fais ce que je veux. Je suis libre, on m’imposera pas quelqu’un
Dis pas ça, on va encore dire qu’on est des fachos ”
qui méprise les Français à coup de 49.3 ». Et pour Laurence, 56 ans, de Nice, également filloniste du premier tour « il manquerait plus que je vote Macron. La France va mal. Et c’est pas un blanc-bec qui va la redresser ». Nathalie, Niçoise elle aussi, a voté pour la première fois de sa vie FN pour cette présidentielle. Avant, la quinquagénaire était « UMP», confie-t-elle. Mais, « plus jamais je ne voterai pour des gens comme Fillon avec toutes ces casseroles aux fesses.» À côté, Philippe et Sophie, venus en couple. Ils habitent un peu plus haut que Plan-du-Var et ils sont formels : « On a deux enfants, on a décidé de quitter Nice pour les élever en sécurité. On ne va presque plus jamais en ville. Nice est gangrénée par les communautés ». Dans la salle, déjà survoltée, avant même l’arrivée de leur star, les militants et sympathisants FN entament une Marseillaise. « On pourra plus entendre ça si c’est le banquier qui passe. On sera bouffé par l’Union européenne. Anéantis par les étrangers qui nous envahissent et prennent tous nos privilèges », lâche Jacques, 56 ans, Antibois. « Dis pas ça à une journaliste », le gronde sa femme. « Après ils vont encore dire qu’on est des fachos. On n’est pas racistes. On remarque juste que c’est toujours les mêmes qui font parler d’eux en mal ». Et Jacques de vitupérer en agitant frénétiquement son étendard : « Macron va faire un carnage, Marine vite ! »