M. Vuillemot et sa majorité contre le Front national
Avant le 2e tour de la présidentielle, les élus de la majorité seynoise organisent un “forum citoyen public”, mercredi à la Bourse du travail. Avec un mot d’ordre : « Barrer la route au FN »
Parce qu’ils ne veulent pas voir le FN, dont ils jugent les idées « dangereuses », accéder à la présidence la France, les élus de la majorité municipale seynoise s’inscrivent dans « une opposition ferme, catégorique et massive à la candidate nationaliste » .Et même s’ils n’adhèrent pas (tous) au programme du candidat Macron, les élus de la gauche locale appellent à utiliser le bulletin de vote, dimanche prochain, pour « se mettre en travers de la route de madame Le Pen ». Et ils invitent les Seynois à venir en discuter, demain soir à la Bourse du travail. Explications avec le maire Marc Vuillemot.
Quel a été le déclic qui vous a incité à organiser ce “forum” : l’attitude de Jean-Luc Mélenchon, qui réalise de gros scores à La Seyne mais qui n’appelle pas explicitement à voter Emmanuel Macron ?
Oui, cela a évidemment contribué dans la mesure où cela ouvre une brèche pour Marine Le Pen, qui est à la manoeuvre pour s’attirer les votes des électeurs populaires et de ceux qui ont voté Mélenchon au er tour. Mais aussi le fait que Dupont-Aignan décide de rallier le FN ou que des responsables de droite – sans parler de Mme Boutin – sont encore sur la posture du “ni-ni”...
Le but de ce “forum”, c’est surtout de mobiliser les électeurs car l’abstention risque d’être importante dimanche, ce qui pourrait favoriser le FN ?
Il ne s’agit pas d’inviter à un temps de campagne pour Macron ou de constituer un pseudo front républicain, mais, pour nous, élus locaux, d’expliquer notre inquiétude à nos concitoyens. Et ce, alors que nous avons rendu hommage ce week-end aux victimes des camps d’extermination. Il faut donc rappeler que l’extrême-droite est arrivée au pouvoir en Allemagne de façon tout à fait légale, avec le soutien de l’aristocratie. Et que nous sommes aujourd’hui dans une configuration qui présente des points communs avec cette époque.
Vous restez dans une logique de faire “barrage au FN” mais, pour être entendu, ne faut-il pas aussi se prononcer clairement en faveur de Macron, en relevant les points de son programme avec lesquels vous auriez des convergences ?
Certains dans notre équipe
le feront, d’autres diront que le programme de Macron est un moindre mal, d’autres encore appelleront simplement à utiliser leur bulletin de vote contre le FN. Mais, s’agissant d’une majorité plurielle comme la nôtre, si nous voulons parler ensemble, il faut trouver un dénominateur commun qui rassemble les différentes sensibilités afin de dire que nous ne voulons pas du FN à la tête de notre pays.
La cible de votre message, c’est plutôt l’électorat populaire ?
Non, c’est tout le monde, dans tous les quartiers. Nous voulons dire aux Seynois ce que pensent ceux qui animent la République sur ce territoire. Car ce qui pouvait paraître évident en () ne l’est pas aujourd’hui. Donc il y a danger et il faut s’en prémunir.
Quels arguments faut-il mettre en avant pour être entendus alors que le FN n’est plus diabolisé comme il y a quelques années ?
Il faut dénoncer l’imposture sociale de Marine Le Pen. Ce n’est pas possible d’être à la fois du côté des classes populaires et des riches qui détiennent le capital financier. On sait que, partout dans le monde, les nationalistes ont été et sont au service des aristocrates et des capitalistes, et que, chaque fois, cela contraint les libertés individuelles et collectives. Il faut rappeler que la stigmatisation des groupes, des religions, des catégories sociales créée des fractures alors que la France et l’Europe ont besoin d’unité face aux difficultés. Et cela, les Seynois peuvent l’entendre, eux qui, depuis des décennies, vivent dans une ville qui accueille des populations très diverses, avec des réalités économiques et sociales, des origines différentes, une variété culturelle et religieuse. Par tradition, les Seynois sont fraternels et bienveillants avec les valeurs républicaines, et cela doit s’exprimer aussi par le rejet du FN.
Les appels, les consignes de vote sont de moins en moins suivis. Votre démarche a-t-elle une chance d’avoir du poids ?
C’est vrai qu’il y a une crise des partis, de droite comme de gauche, consécutive à différentes affaires notamment, et amplifiée par les réseaux sociaux. Et cela passe avant le contenu, les idées. Mais les élus locaux que nous sommes, en relation permanente avec la population, peuvent être entendus. Nous ne nous exprimons pas en tant que militants de telle ou telle sensibilité, mais nous nous adressons à nos concitoyens qui pourraient ne pas comprendre que nous restions silencieux alors que l’heure est grave.
Depuis des décennies, les Seynois sont bienveillants avec les valeurs républicaines ”
1. La forte mobilisation contre Jean-Marie Le Pen au 2e tour de la présidentielle face à Jacques Chirac.