Soupçons de remise illicite sur un avocat toulonnais
Il est soupçonné d’avoir donné de la drogue à des détenus. Un avocat inscrit au barreau de Toulon a été mis en examen. Ce dernier nie toute implication: «Il va se battre», dit son avocat
Un avocat inscrit au barreau de Toulon a été mis en examen le 9 mai dernier, visé par une enquête de la police judiciaire sur une remise de stupéfiants à des détenus dans des établissements pénitentiaires. Une perquisition a été menée à son domicile, en présence d’un juge d’instruction, d’un magistrat du parquet de Toulon et du bâtonnier de l’ordre des avocats de Toulon. « Y ont été retrouvés des éléments qui témoignent d’un usage de stupéfiants», indique le parquet de Toulon, mais aucune saisie de drogue n’y a été réalisée. L’avocat d’une trentaine d’années a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire. Il est poursuivi pour «usage de stupéfiants, détention, transport et cession de stupéfiants, ainsi que remise illicite d’objet et de stupéfiant en milieu carcéral ».
Après un parloir
L’enquête aurait débuté par un signalement de l’administration pénitentiaire. « Au moins un détenu a été trouvé en possession de drogue et de cigarettes, après une fouille, alors qu’il sortait d’un parloir avec son avocat», relate une source judiciaire. Même si la quantité de stupéfiants était minime, c’est bien le soupçon de passer de la drogue à un détenu, qui est visé. Le dossier ferait état de trois cas distincts de soupçons de remise d’objet illicite. L’avocat mis en cause nie vigoureusement toute remise de drogue dans l’enceinte d’une prison. «Les faits sont contestés par mon confrère, clame Me Thierry Fradet, qui en assure la défense. Si l’avocat n’est pas au-dessus de la loi, il n’est pas en dessous. Il doit bénéficier de la présomption d’innocence.»
« Prouver son innocence »
Son client «va s’attacher à démontrer non plus l’innocence de ses clients, mais la sienne. Il va se battre », poursuit Me Fradet. À l’ordre des avocats de Toulon, le bâtonnier Éric Goirand explique qu’il n’y a «pas de procédure disciplinaire engagée pour l’instant. Le juge d’instruction a saisi le conseil de l’ordre d’une demande de suspension provisoire ». Cette demande sera examinée mercredi prochain. Cette étape administrative précède un possible stade disciplinaire, dont le déclenchement « dépendra de l’évolution du dossier pénal». Éric Goirand insiste pour qu’on ne fasse pas de généralités. «Un avocat mis en examen, sur 500 professionnels, cela ne doit pas jeter l’opprobre sur toute une famille ». Le bâtonnier rappelle aussi «le droit à la présomption d’innocence » et reconnaît « une loi des séries », après la mise en examen en mars dernier d’une avocate toulonnaise, visée par des soupçons de subornation de témoins, dans un dossier judiciaire.