Var-Matin (La Seyne / Sanary)

JULIANNE MOORE

« Sur le plateau, tous égaux »

- par FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr @francklecl­erc06

Le nouveau film de Todd Haynes est porté par des mômes. Trois ados dont Oakes Fegley, 14 ans, qui se paie le luxe de sécher la présentati­on de Wonderstru­ck. Ce surdoué révélé par Disney dans

Peter et Elliott le dragon est resté à New York pour les besoins d’un tournage. Déjà surbooké, rançon d’un talent précoce qui crève les yeux comme l’écran. Reste l’excellente Millicent Simmonds dont le réalisateu­r se félicite que sa directrice de casting l’ait repérée « dans la communauté des enfants malentenda­nts ». Le regard de sa voisine Julianne Moore s’embue quand la petite, dans la langue des signes, explique qu’elle n’aurait jamais imaginé de tourner un jour avec «ce génie» ni donc rêvé de la suivre à Cannes. Le jeune Jayden Michael fait lui aussi partie du voyage. Parce qu’il défend avec enthousias­me son tout premier rôle au cinéma, il frôle le cabotinage... avant d’écraser une larme, submergé par l’émotion. Un frisson parcourt la salle de presse. Du haut de ses treize ans, le craquant gamin métissé raconte l’effet qu’a produit sur lui Carol, le précédent film de Todd Haynes. «Je me suis dit: génial, cet homme est super ! Et me voilà ici. C’est fabuleux ! » Trois ans après son prix d’interpréta­tion féminine pour Maps to the

Stars, de David Cronenberg, Julianne Moore a le triomphe modeste. «Sur le plateau, nous sommes tous égaux. Que l’on ait sept ou soixante-dix-sept ans, l’âge et les barrières disparaiss­ent. Il n’y a plus de hiérarchie. J’adore ça. »

L’actrice, malgré une prestation somme toute contenue, a fait l’effort de s’initier à la langue des signes. « Il est évident que je n’ai pas tout compris, mais j’étais au moins sur le seuil de la porte. Comment utiliser nos corps, nos mains pour communique­r ? Cette question m’a passionnée. » Michelle Williams tient dans Wonderstru­ck le rôle d’une mère. C’était déjà le cas dans Manchester by the Sea.

On ne peut pas encore parler d’abonnement mais cette partition lui va bien. « Quand on devient maman, on l’est pour toujours », résume la comédienne dont la fille a onze ans. « En fait, le fait d’être mère est au centre de toute ma vie et conditionn­e tous mes choix. »

Sur l’éducation, une seule solution : « Un enfant doit être considéré pour ce qu’il est et non pas en fonction de la représenta­tion qu’on s’en fait. » Ce discours responsabl­e a également guidé Todd Haynes qui a sollicité l’avis de ses comédiens en herbe à chaque étape du montage. S’il retient avant tout « leur imaginatio­n, leur vitalité et leur énergie », le réalisateu­r n’est pas fâché de les avoir associés à un projet de « cinéma classique » , de nature à leur faire poser téléphones et tablettes. Que Wonderstru­ck soit produit par les studios Amazon ne constitue selon lui aucun paradoxe. Haynes y voit même « une nouvelle opportunit­é pour les auteurs d’art et essai ». Tout en admettant que « le marché du film ne cesse de changer », et avec lui le mode de consommati­on des fictions, pas question de tourner le dos au grand écran. Il en prend l’engagement.

Elle tient son réalisateu­r pour un génie et adore l’idée de travailler sans hiérarchie. Oscarisée en 2015 avec Still Alice, la voici de retour après son prix d’interpréta­tion pour Maps to the Stars en 2014.

« AVEC TODD, TOUT CE QUE VOUS DEVEZ FAIRE, C’EST ENTRER DANS SON MONDE »

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Après un Oscar et un prix d’interpréta­tion, Julianne Moore est cette année en compétitio­n entourée d’adolescent­s et de Michelle Williams dans un film de Todd Haynes, en compétitio­n.

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