L’actrice-réalisatrice préside cette année le jury de L’OEil d’or
Un jury qui récompense depuis trois ans le meilleur documentaire issu de toutes les sélections. L’occasion de revenir sur Elle s’appelle Sabine, sa toute première réalisation.
Sans renier aucun des tournages auxquels elle a participé, Sandrine Bonnaire n’hésite jamais à contredire l’image d’actrice intellectuelle qui colle à sa filmographie. Il y a longtemps que son échec scolaire n’est plus un tabou. Côté grand écran, elle ne déteste pas revoir un Louis de Funès ou se refaire Le Père Noël est une
ordure, voire Bienvenue chez les Ch’tis . Pour le moment, la comédienne passe à la loupe les vingt documentaires dont on trouvera la trace dans toutes les sélections. Un formidable coup de projecteur sur « un
genre utile » qui contribue à faire bouger les lignes. Et elle est bien placée pour en parler. Il y a tout juste dix ans, sa première réalisation était l’un des temps forts de La Quinzaine des réalisateurs. Elle s’appelait Sabine. Un film sur sa soeur, un film sur l’autisme. Ce passage par le Festival de Cannes a mis en lumière un projet qui lui tenait à coeur : 3,5 millions de téléspectateurs l’ont découvert en prime-time avant que 40 000 personnes ne l’apprécient au cinéma. « Ma soeur avait tout de même subi cinq ans d’internement. Il paraît que les hôpitaux n’emploient plus ce terme mais j’insiste: pour moi, il s’agit bien d’une incarcération.» Par ce
film, Sandrine voulait le marteler : «Masoeur est une personne à part entière. Différente, sans doute, mais on parle bien d’un être humain ».
De nombreuses familles lui ont écrit. « Pour me dire que, grâce à mon film, elles n’auraient plus jamais honte de leur enfant autiste. »
Sabine elle-même s’en est trouvée transformée. « Elle a été la première à voir le documentaire. Elle était fière. Et m’a dit : “Moi aussi, je suis actrice !” C’était trop mignon… »
Pour sa soeur, un point comptait énormément : « Elle avait travaillé. Pour chacun d’entre nous, avoir une fonction sociale, c’est capital ».
Aujourd’hui, Sabine va bien. Après des périodes difficiles, elle a retrouvé un équilibre. Mais Cannes, pour Sandrine Bonnaire, c’est aussi le choc Pialat. Sous le soleil de Satan ,en 1987, a marqué l’histoire du Festival avec ses huées et ses sifflets, un poing levé en guise de conclusion. « Avec du recul, je me dis que c’était une époque où l’on ne s’interdisait rien. Où l’on disait la vérité, sans pratiquer la langue de bois, Pialat avait cette liberté-là. Et moi, j’aime bien ça. »
« DE NOMBREUSES FAMILLES M’ONT DIT QUE, GRÂCE À MON FILM, ELLES N’AURAIENT PLUS JAMAIS HONTE DE LEUR ENFANT AUTISTE»