Var-Matin (La Seyne / Sanary)

L’actrice-réalisatri­ce préside cette année le jury de L’OEil d’or

Un jury qui récompense depuis trois ans le meilleur documentai­re issu de toutes les sélections. L’occasion de revenir sur Elle s’appelle Sabine, sa toute première réalisatio­n.

- par FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr @francklecl­erc06

Sans renier aucun des tournages auxquels elle a participé, Sandrine Bonnaire n’hésite jamais à contredire l’image d’actrice intellectu­elle qui colle à sa filmograph­ie. Il y a longtemps que son échec scolaire n’est plus un tabou. Côté grand écran, elle ne déteste pas revoir un Louis de Funès ou se refaire Le Père Noël est une

ordure, voire Bienvenue chez les Ch’tis . Pour le moment, la comédienne passe à la loupe les vingt documentai­res dont on trouvera la trace dans toutes les sélections. Un formidable coup de projecteur sur « un

genre utile » qui contribue à faire bouger les lignes. Et elle est bien placée pour en parler. Il y a tout juste dix ans, sa première réalisatio­n était l’un des temps forts de La Quinzaine des réalisateu­rs. Elle s’appelait Sabine. Un film sur sa soeur, un film sur l’autisme. Ce passage par le Festival de Cannes a mis en lumière un projet qui lui tenait à coeur : 3,5 millions de téléspecta­teurs l’ont découvert en prime-time avant que 40 000 personnes ne l’apprécient au cinéma. « Ma soeur avait tout de même subi cinq ans d’internemen­t. Il paraît que les hôpitaux n’emploient plus ce terme mais j’insiste: pour moi, il s’agit bien d’une incarcérat­ion.» Par ce

film, Sandrine voulait le marteler : «Masoeur est une personne à part entière. Différente, sans doute, mais on parle bien d’un être humain ».

De nombreuses familles lui ont écrit. « Pour me dire que, grâce à mon film, elles n’auraient plus jamais honte de leur enfant autiste. »

Sabine elle-même s’en est trouvée transformé­e. « Elle a été la première à voir le documentai­re. Elle était fière. Et m’a dit : “Moi aussi, je suis actrice !” C’était trop mignon… »

Pour sa soeur, un point comptait énormément : « Elle avait travaillé. Pour chacun d’entre nous, avoir une fonction sociale, c’est capital ».

Aujourd’hui, Sabine va bien. Après des périodes difficiles, elle a retrouvé un équilibre. Mais Cannes, pour Sandrine Bonnaire, c’est aussi le choc Pialat. Sous le soleil de Satan ,en 1987, a marqué l’histoire du Festival avec ses huées et ses sifflets, un poing levé en guise de conclusion. « Avec du recul, je me dis que c’était une époque où l’on ne s’interdisai­t rien. Où l’on disait la vérité, sans pratiquer la langue de bois, Pialat avait cette liberté-là. Et moi, j’aime bien ça. »

« DE NOMBREUSES FAMILLES M’ONT DIT QUE, GRÂCE À MON FILM, ELLES N’AURAIENT PLUS JAMAIS HONTE DE LEUR ENFANT AUTISTE»

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Sur le ponton de la plage du Majestic, dernières minutes de détente avant d’entrer dans le vif du sujet : vingt documentai­res, toutes sélections confondues, en lice pour L’OEil d’or 2017.

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