Vincent Lindon, maître sculpteur RODIN
Jacques Doillon (France). Avec Vincent Lindon, Izïa Higelin, Séverine Caneele. Durée : h . Genre : biopic. Notre avis : Caneele), sa compagne de toujours, lorsqu’il rencontre la jeune Camille Claudel (Izïa Higelin), son élève la plus douée qui devient vite son assistante, puis sa maîtresse. Dix ans de passion, mais également dix ans d’admiration commune et de complicité. Après leur rupture, Rodin poursuit son travail avec acharnement. l’oeuvre à accomplir et le phrasé parfois incompréhensible, auquel s’ajoute un indéniable charisme amplifié par une grosse barbe, l’acteur déjà primé à Cannes pour La Loi du Marché épate une nouvelle fois. Difficile d’exister à côté de lui tant il dévore l’espace comme le maître sculpteur en son temps. Camille Claudel, interprétée par une proprette Izia Higelin, l’apprend à ses dépens… Derrière la caméra, Jacques Doillon soigne sa mise en scène, parle d’amour, de désir et avant tout de création. Il place lesdites oeuvres au-dessus de l’artiste avant de rétablir le rapport de force puis de le mettre constamment en balance. Le résultat, palpable tient en haleine et son choix d’articuler le film autour de la modélisation du buste de Balzac, qui a marqué son temps par son caractère précurseur, est une idée brillante. À la fois séduisant et rustre, à l’image de l’époque dépeinte, brillamment reconstituée, Rodin n’en demeure pas moins ponctué de défauts. Bavard, souvent explicatif, parfois redondant, le scénario manque de subtilité. On est donc tantôt subjugué, tantôt lassé, mais on finit par s’incliner devant le résultat, plein de sens, moderne et pétri d’amour pour l’art, avec un grand A.
PSICONAUTAS
De Pedro Rivero (Espagne). Durée : h . Genre : animation. Notre avis :
L’histoire
Sur une île ravagée par un désastre écologique, l’étrange Birdboy se coupe du monde et affronte ses démons intérieurs. Dans le même temps, la téméraire Dinky décide de fuir son entourage et le quotidien qui est le sien… en espérant que Birdboy l’accompagne.
Notre avis
Véritable curiosité, par son style et par son ton, extrêmement sombre pour un film d’animation, Psiconautas déroute et ne laisse pas indifférent. Peut-être, et c’est une qualité, car l’espagnol Alberto Vazquez, ne fait aucune concession en adaptant sur grand écran sa propre bande dessinée. On y note une réflexion sur l’avenir de notre planète, à travers la représentation d’une île inondée de détritus et l’envie de proposer un faux voyage initiatique, par le parcours de jeunes protagonistes qui essaient de croire – en vain – en un avenir meilleur. Admirablement dessinée, l’oeuvre s’appuie sur une poésie gothique que ne renierait pas un certain Tim Burton. Pas une coïncidence donc, si le design du personnage clé, Birdboy, rappelle un certain Monsieur Jack. L’enfant meurtri camoufle, derrière sa douce apparence, une part monstrueuse, montrée frontalement. Émotionnellement puissant, riche dans ses thématiques, n’hésitant pas à provoquer par quelques séquences gores, on se retrouve devant une proposition « adulte ». Reste que le récit, bigrement alambiqué, obscurcit le propos, comme si le monde dystopique dépeint ne se suffisait pas à lui-même.