Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Geneviève Levy se souvient d’où elle vient

- G. A. gaubertin@nicematin.fr

Droite et fidèle. Elle l’a « toujours été » et le restera jusqu’à la fin de sa carrière politique. Alors qu’en France, de nombreux élus ont eu du mal à résister aux sirènes de la déferlante macroniste, Geneviève Levy n’a « jamais pensé » à retourner sa veste ou profiter des vents favorables… Ce n’est pas du tout son genre. Comme elle le dit elle-même : « Dans la vie, il faut se souvenir d’où l’on vient et qui nous a faits ». Il fallait donc être de la partie, dimanche soir en salle du conseil de municipal de Toulon, lors de l’annonce des résultats du second tour des législativ­es (lire notre édition d’hier), pour se rendre compte à quel point la députée de la 1re circonscri­ption voue une admiration et un respect sans borne à celui qui lui a « tout appris ». Cette victoire, elle l’a d’abord dédiée à Hubert Falco. « Aucun parlementa­ire en campagne n’a reçu un tel soutien de son maître et de ses collègues du conseil municipal», a-t-elle résumé, avant se faire chiper le micro par le maire. Cela ne l’empêche évidemment pas d’avoir un caractère et des idées bien à elles. Ses deux enfants confirment. Quand sa fille Agathe (40 ans), avocate à Paris, décrit « une maman attentive, douce et peu envahissan­te », son fils Jérôme, 36 ans, journalist­e à Paris, la qualifie de « forte, combative et fidèle à ses idées et à tout ce qui lui est cher ».

« Naïve et utopiste »

Elle-même ne dit pas l’inverse, persuadée que malgré la soif de changement du peuple français, « les gens ont toujours besoin d’une référence. » Voilà ce qui, selon elle, a fait la différence dans les urnes, ce dimanche. « On ne peut pas rayer toutes ces années en un trait de plume », explique-t-elle pour justifier le travail accompli durant toutes ces années à la mairie de Toulon et à l’Assemblée nationale. « Peutêtre faut-il reformer les partis politiques, concède-t-elle par ailleurs. Mais nous aurons toujours besoin de structure et de partis politiques ». Le changement, le vrai, ça

sera donc pour demain. À 69 ans, Geneviève Levy en veut encore. Même pas un peu usée ? « Certaineme­nt pas. » Elle y croit trop pour

cela, même si elle reconnaît être «parfois un peu naïve ou trop utopiste ». « Ne l’écrivez pas, mais la politique, ce n’est pas toujours drôle », glisse-t-elle, entre deux coups de fil de félicitati­ons qu’elle a du mal à filtrer.

Platon et les Beatles

Son intérêt pour la chose politique ne date pas d’hier. « Lorsqu’on est étudiante en droit (à Aix-en-Provence), les conviction­s viennent naturellem­ent », raconte celle qui a vécu et vibré pendant mai 1968, « sans toutefois descendre dans la rue ». C’est à cette époque qu’elle rencontre son futur époux, Jean-Guy Levy, avocat toulonnais, qui la revoit encore, comme au premier jour, « sortir du bureau du procureur ». Aujourd’hui, cela fait 42 ans de mariage. « En fait, c’est l’arrivée du FN à Toulon qui l’a décidée à se lancer en politique », raconte JeanGuy, sur le ton de la confidence. Et l’intéressée d’approuver : « On a tous souffert, mais on a tenu le choc ». Sa fraîche carrière d’experte judiciaire tournera court. Elle participe alors à la création de l’antenne toulonnais­e de la Licra (Ligue contre le racisme et l’antisémiti­sme), Hubert Falco la remarque et la prend sous son aile. Au final, Geneviève Levy n’a « jamais rien demandé » en politique. «Les choses m’ont été proposées et j’ai accepté », résume-telle simplement. «Mais tout ça, ajoute-t-elle, c’est bien grâce à Hubert.» Elle le lui rend bien, aujourd’hui encore, malgré sa grande expérience. «Ona toujours une référence initiale, humaine et politique. » Dans une autre vie, peutêtre trouverait-elle le temps de s’adonner à d’autres passions qu’elle a dû mettre de côté il y a longtemps. Elle qui a été «élevée aux Beatles et aux Rolling Stones », se remettrait à «la photo », relirait du Platon ou plongerait plus souvent dans « des romans policiers de Fred Vargas ». Mais à l’aube de son quatrième mandat de députée, il n’en est pas encore question. « Être là où la loi se tisse, c’est merveilleu­x.» Et puis elle continue à «apprendre tous les jours ». Sans oublier, bien sûr, que « sans Hubert, (elle) ne (serait) pas là aujourd’hui ».

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(Photo G.A.) Geneviève Levy dans son bureau de la mairie de Toulon, hier matin.

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