TOUR DE FRANCE - À MARSEILLE Fabien Henry montre la voie
Le manager de TPM, quatre fois vainqueur de l’épreuve, a endossé cette année le rôle de mentor auprès d’un équipage varois relativement inexpérimenté. Nous l’avons suivi une journée
Quand Fabien Henry se balade dans les allées du petit village du Tour de France à la voile, il passe rarement inaperçu. Avec quinze participations et quatre victoires à son actif, l’ancien skipper est connu comme le loup blanc et le nombre de mains qu’il serre se multiplie au fil des secondes. Au moment de gagner le petit port du Roucas-Blanc où son semirigide l’attend, l’une de ses connaissances l’interpelle: «Fab’, tu prends ton Zod’ aujourd’hui?» « Comme d’habitude», répond le champion, le visage blanchi par la crème solaire qu’il vient de mettre, prêt à aller au combat. Tous les jours de régate, le manager de l’équipage TPM file en effet en mer pour accompagner ses troupes jusqu’au bout. Tous les managers ne peuvent pas en dire autant...
Le « guide » conseille et rassure
Hier, lors de l’épreuve des stades nautiques de Marseille, le rôle de Fabien Henry a été sûrement plus important qu’à l’accoutumée. Marie Barrué fait effectivement ses grands débuts sur ce Tour, dans le rôle de barreuse. Et lorsque le bateau du manager s’approche du Diam 24 de TPM, c’est vers son « guide » que la jeune femme se tourne pour poser de nombreuses questions. Logiquement, Marie a besoin d’être rassurée et sait que Fabien Henry saura lui donner les bons tuyaux. Avec son tempérament calme et sécurisant, le coach distille ses derniers conseils. Méthodiquement. Concentrés, les trois marins l’écoutent religieusement. Ça parle technique, tactique, stratégie. Fabien Henry veut avant tout mettre en confiance Marie, habituée de la voile en solitaire. « Elle est dans une position plutôt inconfortable, c’est à nous de la mettre dans les meilleures conditions », confie-t-il.
Imposer sa patte en douceur
Même après une première manche ratée – que TPM finit bon dernier – Fabien Henry refuse de céder à la panique, et remobilise ses troupes. « Votre départ était bon, après vous avez fait quelques erreurs et ça ne pardonne pas. Mais gardez le positif et oubliez ce que vous avez fait de moins bien. » Malheureusement, TPM ne pourra pas se remettre tout de suite dans le bain. Juste avant la deuxième manche, l’équipage se fait involontairement heurter par un autre bateau et doit repasser par la plage pour changer une coque (lire ci-dessous). Le manager profite du bref retour sur terre pour aller voir en tête-àtête Marie. De la psychologie, toujours. «L’humain est un point clé pour manager une équipe de jeunes. Réussir à déceler les personnalités, mais aussi le fonctionnement à bord », analyse Fabien Henry. De retour en mer, le natif de Toulon ne rate pas une miette des dernières manches. Au loin. L’oeil aiguisé. Jusqu’à la fin des hostilités, marquée par un léger mieux des Varois. Et même si la journée n’a pas vraiment de quoi donner satisfaction à l’équipage varois, le lien entre Fabien Henry et les marins s’est forcément consolidé au large de la cité phocéenne. Car c’est dans la difficulté qu’un état d’esprit voit le jour, et que les plus belles victoires se forgent.