De la confiance à la naïveté
Que se passe-t-il ? Les Français sont-ils à ce point volages qu’ils peuvent détester en août ce qu’ils adoraient en mai au point qu’un nouveau président, salué avant-hier comme plus jeune que Napoléon, est répertorié aujourd’hui comme ayant dégringolé plus vite qu’Hollande dans les sondages de popularité. Le peuple si fugitivement souverain estime-t-il avoir été trompé sur la marchandise ? Ne supporte-t-il plus l’homme, son programme ou sa méthode ? Englué dans une solennité distante, le surdoué de l’Élysée donne l’impression du mépris. Il manque tellement de pédagogie que le Premier ministre lui-même l’a remarqué publiquement un des rares jour où il ne mangeait pas son chapeau. Il a rompu avec les médias, mécontenté l’armée et agacé les fonctionnaires. Certes, la moralisation de la politique a fait place à la confiance des citoyens dans la vie publique. Mais ne s’agit-il pas davantage de naïveté ? Naïveté de penser que des ministres et des parlementaires inexpérimentés vont mieux réussir que les autres. Naïveté de croire que les nouvelles dépenses d’un État laïc vont être miraculeusement financées. Naïveté d’estimer que les réformes peuvent désormais être engagées ou pas au gré d’un seul homme fut-il d’État. Naïveté d’admettre que tout ce qu’on ne fait pas en début de quinquennat, on l’effectuera la veille
d’abandonner le pouvoir.