Linky: «Jamais à l’encontre d’une non-volonté»
Associations et particuliers continuent de s’opposer à ces compteurs de nouvelle génération. Bernard Mouret, directeur du Var et des Alpes-Maritimes, répond aux craintes et suspicions Nous ne le ferons plus »
Technologie controversée, problèmes techniques, risque sanitaire, fronde de l’opinion publique… Alors que 35 millions de compteurs électriques Linky doivent être remplacés en France (déjà 400000 sont installés dans les Alpes-Maritimes et le Var), Bernard Mouret, directeur régional d’Enedis fait le point.
Les atouts des compteurs Linky ?
Nous sommes un service public de la distribution d’électricité : dès lors, nous appliquons la loi, la réglementation liée à l’exploitation des réseaux de distribution. Nous n’avons pas d’autres intérêts particuliers. S’agissant de Linky, les réseaux d’électricité connaissent une transformation importante avec le développement des énergies renouvelables. Deuxième phénomène majeur : le développement des véhicules électriques. Donc, on a affaire à un système de contraintes qui va générer des difficultés. Linky est un compteur de troisième génération qui a une intelligence pour gérer ce type de contraintes.
Un boîtier connecté : ça veut dire quoi exactement ?
C’est un compteur communiquant : il va enregistrer de l’information et la communiquer de telle sorte que l’on puisse automatiser un certain nombre d’actions.
Justement la collecte de données inquiète certains…
Ce compteur facilite l’accès aux informations et la vie autour de la distribution de l’énergie en minimisant les interventions physiques sur le comptage. Le client dispose d’une information qu’il n’avait pas jusqu’à présent : il va pouvoir interroger son compteur pour en tirer des bénéfices et maîtriser sa consommation.
À quel prix ?
Exemple : la mise en service dans un nouvel appartement. Aujourd’hui, cela se fait en présence d’un conseiller d’Enedis et cela coûte euros. Avec Linky, cette mise en service diminue : elle coûte aux alentours de euros. De même pour l’augmentation et la baisse de la puissance. Aujourd’hui: euros. Demain : , euros. La commission de régulation de l’énergie qui nous a demandé de déployer Linky, exige que l’on révise à la baisse les tarifs.
Dans les Pyrénées-Atlantiques, la municipalité de Bayonne, a suspendu le juillet le déploiement des compteurs au motif du « risque de trouble à l’ordre public »…
La commune ne peut, à ce jour, pas ordonner que plus aucun des compteurs ne puisse être changé sur son territoire. En revanche, elle peut s’exprimer. Dans la quasi-totalité des cas, la préfecture s’oppose à la décision municipale. Si cette commune est propriétaire d’un réseau, le cahier des charges qui nous lie indique que nous avons le devoir de maintenir en état d’exploitation les matériels du réseau et que nous sommes seuls décisionnaires.
« Seuls décisionnaires » ?L’undes contre-arguments, c’est la question du forcing. Mardi septembre, Éric Merelle, un particulier varois a assigné Enedis en référé à la suite du remplacement de son compteur, contre son gré
Je m’oppose au terme de « forcing ». Ce n’est pas dans la culture d’Enedis d’imposer. Nous travaillons pour l’intérêt public. La directive européenne de , la loi sur la Transition énergétique ou le Code de l’énergie : nous avons des réglementations et des devoirs. La pose de Linky nous a été demandée par le gouvernement. À partir de là, nous avons un accès libre à nos installations pour des raisons de sécurité et nous devons les remplacer parce que le matériel est obsolète. Donc, quand ces installations sont cadenassées, par sécurité, nous ne pouvons pas les laisser comme ça. Récemment, les pompiers nous ont demandé de couper l’électricité de clients varois, compte tenu d’un incendie. Si nous avions un cadenas, nous irions à l’encontre de notre mission de service public. Dès qu’il y a une obstruction à l’ouvrage public, nous avons le devoir de le retirer.
Et pour la pose des compteurs ?
Nous n’irions jamais à l’encontre d’une non-volonté d’un client qui s’y opposerait physiquement. Mais nous n’allons pas jusqu’à une opposition forte. Le cadenas n’a pas de raison d’être, en toute franchise : nous ne le ferons plus [pour exemple, le Varois Éric Merelle a vu le cadenas qu’il avait accroché à son compteur scié quand une équipe d’Enedis est venue installer Linky]. L’émoi dans le public est tel… Nous verrons comment les choses se passent par la suite. Si des clients n’ont pas de compteurs Linky, il faudra bien accéder à leurs données. Ce service sera sûrement payant. Le client en subira les conséquences.
Des suspicions subsistent autour de la collecte des données…
Il y a des craintes concernant la confidentialité des données, qui sont cryptées. Les données appartiennent aux clients : nous ne pouvons pas les communiquer, sans son accord. Au sujet des cadenas qu’Enedis a parfois forcés pour installer Linky.
Les courbes de charges relèvent en temps réel la consommation des usagers…
Elles n’existent que si le client demande de les enregistrer. Le compteur ne les enregistre pas. Le mars, un jugement du tribunal de Toulouse [HauteGaronne] a reconnu que Linky ne fait pas obstruction à la vie privée. Nous avons installé , millions de compteurs. La quasi-totalité des clients ne sont pas inquiets. D’autres organismes comme l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information, qui est indépendante et audite tous les six mois notre système de communications, a homologué le cryptage des données.
Les risques sanitaires liés à la technologie du courant porteur en ligne produisent un champ électronique…
Je vais citer l’Agence nationale des fréquences qui a reconnu que Linky est un appareil électrique. S’il y a courant électrique, il y a un champ électromagnétique et il est largement inférieur à la réglementation. Des mesures ont été effectuées. Linky correspond à , volt par mètre. À titre de comparaison, la plaque à induction, c’est volts par mètres. 1. Une action collective menée par 210 plaignants est également en cours.