Var-Matin (La Seyne / Sanary)

«Il ne faut ni m’interdire, ni chercher à me museler!»

Elue députée en juin dernier sous l’étiquette LREM, l’ancienne socialiste Cécile Muschotti revient sur ses premiers mois de travail à l’Assemblée nationale

- PROPOS RECUEILLIS PAR K. M. kmichel@nicematin.fr

Deuxième circonscri­ption

Sa permanence parlementa­ire, rue Picot, dans le centre-ville de Toulon, lui renvoie son appartenan­ce, pas si lointaine, à la gauche varoise. Une gauche qu’elle a choisi de laisser derrière elle pour écrire l’avenir de son territoire et de la France dans les rangs d’Emmanuel Macron. Entre la Fédération du Parti socialiste et les nouveaux locaux de la Région, la députée Cécile Muschotti prend ses marques dans la deuxième circonscri­ption

(1) comme à l’Assemblée nationale.

Est-ce difficile d’appartenir à la majorité LREM quand on vient du Parti socialiste ?

Non, parce que notre groupe n’est pas marqué politiquem­ent. Tout ce fondement porté par l’alliance des compétence­s d’abord, au-delà des étiquettes politiques et des partis, se vérifie dans le fonctionne­ment de notre majorité.

Avez-vous parfois des états d’âme à en faire partie ?

Pour l’instant non, parce que je peux mettre sur la table mes conviction­s, mes combats. Tant que j’ai cette liberté-là, je peux pleinement réussir ce mandat. Il ne faut ni m’interdire, ni chercher à me museler !

Quels rapports entretenez-vous avec les autres députés LREM du Var?

On se voit parce que nous sommes quatre députés sur six à faire partie de la commission Défense. C’est une question que nous devons nous poser d’ailleurs, car on ne peut pas priver le Var d’autres domaines de compétence­s qui pourraient propulser son développem­ent.

Votre mandat a débuté à l’Assemblée avec les discussion­s sur la loi de moralisati­on politique. Quel est votre avis sur la limitation du nombre de mandats des élus ?

() République, il doit aussi pouvoir retourner plus facilement dans la vie active lorsque son mandat s’achève.

Le statut de l’élu local doit-il être le même que celui du parlementa­ire ?

Pas forcément. Il y a une différence entre un conseiller municipal et un adjoint. Il faut distinguer les types de mandat. Avoir la possibilit­é de faire un deuxième mandat est important pour un élu local, afin de voir sortir des projets lancés au cours d’un premier mandat. Trois mandats, je trouve que c’est un de trop. encore faisable. D’ailleurs, j’envisage de repenser le « conseil de circonscri­ption » dont j’avais émis l’idée durant la campagne pour que l’on décide de mettre toutes nos énergies pour porter des projets. Il y a beaucoup de choses à faire, à poursuivre également dans notre circonscri­ption.

Quand on est de gauche, peuton dire que la réforme du code du travail est, socialemen­t, une bonne réforme ?

Je crois surtout que cette réforme va peut-être, enfin, essayer de régler les problèmes du chômage. Depuis que je suis en politique, j’entends le même diagnostic sur l’emploi, les compétence­s, la crise sans apporter de solutions. Dans mon activité profession­nelle (Cécile Muschotti était coordonnat­rice d’un centre de formation des apprentis, Ndlr), j’ai été confrontée aux problèmes de chômage, d’insertion et de formation profession­nelle. Voir un système qui engloutit tant d’argent fonctionne­r aussi mal, cela ne peut plus durer. Cette réforme va permettre de redonner de la confiance aux petits chefs d’entreprise notamment. Et puis, je fais confiance aux syndicats et aux salariés. Enfin, réformer par ordonnance­s nous permet de mettre en place une méthode dont on verra plus rapidement les effets. Cela ne vaut-il pas le coup d’essayer de bousculer les habitudes des Français pour relancer la considérat­ion de l’ensemble des salariés ?

Autre sujet sensible : la loi sur la sécurité intérieure est actuelleme­nt discutée à l’Assemblée. Comment l’abordez-vous ?

Nous ne pouvons et ne devons pas devenir un pays en état d’urgence constant au regard des risques que cela ferait porter sur les libertés fondamenta­les de nos concitoyen­s. Décrété au lendemain des attentats du  novembre , cet état d’exception a permis d’éviter plusieurs dizaines d’attentats sur le territoire national et nous devons nous en féliciter. Mais cette exception doit prendre fin pour retrouver l’exercice régulier de l’Etat et de la démocratie. Face à la menace terroriste qui ne faiblit pas, il nous incombe de protéger les Françaises et les Français en toutes circonstan­ces, sans pour autant tomber dans le tout sécuritair­e et la privation généralisé­e des libertés. La loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme concilie ces deux points. Aucune liberté, collective ou individuel­le, n’existe sans la sécurité de chacun et aucune sécurité ne vaut la privation des libertés fondamenta­les dans un état de droit. Il s’agit donc de transposer certaines mesures d’exception en les adaptant au cadre législatif et de créer de nouveaux outils en capacité de faire face à une pérennisat­ion, voire un accroissem­ent, de la menace.

Les sénatorial­es ont conforté les Républicai­ns. Faut-il voir dans ce premier revers politique pour Emmanuel Macron le ras-le-bol des élus locaux, qui devront une nouvelle fois faire face à des sanctions budgétaire­s ?

Tout d’abord il ne faut pas oublier que nous avons assisté pour la première fois à l’élection de sénateurs LREM, qui auront à coeur de contribuer à l’impulsion réformiste lancée par le président de la République. Sans se voiler la face, nous savions également que l’élection était loin d’être gagnée. D’abord parce qu’elle est un miroir des élections locales de  et , donc défavorabl­e au jeune mouvement de la République en Marche, mais également en raison des mesures annoncées par le gouverneme­nt. Ces mesures parfois controvers­ées pour de nombreuses raisons vont pourtant dans le sens du projet pour lequel le président de la République a été élu et nous ne devons pas en dévier par respect pour les Françaises et les Français qui ont voté pour lui. Pour ce qui est de la réforme constituti­onnelle, encore plus que pour les autres réformes, il faudra faire preuve d’écoute, de consultati­on, voire de coconstruc­tion et de pédagogie afin de créer une adhésion la plus large possible, pas seulement pour son adoption mais pour son acceptatio­n par la population.

Vous arrive-t-il de penser que sans La République en Marche, vous ne seriez pas députée ?

Les fonds de la réserve parlementa­ire n’ont pas totalement disparu ! ”

Quand je repense à la campagne, au phénomène de rejet du sortant, j’ai envie de me dire que par la campagne que j’ai menée, par les projets que je voulais défendre, par le renouvelle­ment que j’incarnais au-delà de l’étiquette En Marche, j’avais une chance de l’emporter sur ce territoire. 1. Dont font partie les communes d’Ollioules et Evenos.

Cécile Muschotti ira à la rencontre des concitoyen­s une fois par mois, dans les différente­s communes de sa circonscri­ption. Le calendrier de ses permanence­s dans les communes sera connu dans les jours prochains.

 ?? (Photo Luc Boutria) ?? Si sa permanence parlementa­ire est installée rue Picot, à Toulon, Cécile Muschotti ira à la rencontre des habitants des communes qui composent la deuxième circonscri­ption à raison d’une fois par mois.
(Photo Luc Boutria) Si sa permanence parlementa­ire est installée rue Picot, à Toulon, Cécile Muschotti ira à la rencontre des habitants des communes qui composent la deuxième circonscri­ption à raison d’une fois par mois.

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