Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Levée de boucliers pour les remparts de St-Maximin

Les riverains sont tombés des nues en découvrant trois ouvertures percées dans les vestiges du mur d’enceinte médiévale du XIIIe siècle. La mairie ne trouve rien à y redire

- E. CHARLES

Un panneau apposé sur le mur témoigne de l’intérêt touristiqu­e du lieu. Quelques visiteurs s’y pressent chaque jour dans leur circuit de découverte de la cité médiévale. C’est là, sur la place de Barboulin, à quelques encablures de la basilique, qu’un échafaudag­e a été dressé en début de semaine. Geneviève Liautard, trésorière du comité d’intérêt de quartier éponyme, croyait logiquemen­t en l’installati­on d’un chantier de nettoyage et d’entretien de ce pan des remparts, unique vestige de l’enceinte fortifiée du XIIIe siècle. Quelle ne fut donc pas sa surprise d’y voir deux, puis trois ouvertures percées à même la maçonnerie médiévale et les pierres de taille. « Au printemps, un niveau supérieur, en parpaings, avait déjà été ajouté au-dessus du mur. Et maintenant, on creuse des ouvertures dans un rempart du Moyen Âge ! C’est honteux, les gens sont horrifiés de voir le patrimoine de la ville traité de la sorte. »

Un chantier en conformité

À peine entamés, les travaux sur ce mur – qui est aussi la façade d’une propriété privée – ont donc suscité une véritable levée de boucliers dont quelques élus d’opposition se sont emparés. Alain Decanis, leader du groupe Var République Démocratie et historien local, a été le premier à s’en indigner publiqueme­nt sur les réseaux sociaux: «Comment la municipali­té peut-elle laisser percer plusieurs fenêtres et détruire ainsi un élément prépondéra­nt du patrimoine historique de Saint-Maximin?» Pascal Simonetti, son colistier, va plus loin et dénonce «le contexte global de cette ville, où l’on fait sans jamais demander l’avis aux population­s. Comme pour la place Malherbe, où l’on coupe les platanes sans aucune concertati­on…» Ni une, ni deux, et pour «mettre un terme au massacre » avant qu’il ne soit irréversib­le, le CIQ de Barboulin a entrepris de diffuser une pétition et déposé une lettre en mairie demandant la suspension immédiate des travaux, le temps de s’assurer de la conformité du chantier.

« Sans réserve » pour les Bâtiments de France

Renseignem­ent pris auprès du directeur général des services Jérôme Pailhès, le permis de construire déposé par le propriétai­re a bien été enregistré en bonne et due forme après validation par l’architecte des Bâtiments de France. La procédure ne souffre donc pas le moindre vice. Si ce n’est de forme, peut-être de fond ? « Il appartient aux Bâtiments de France de juger de l’intérêt patrimonia­l du site. Comme il n’est pas inscrit à l’inventaire des monuments historique­s, il n’y avait pas matière à empêcher le percement de meurtrière­s, qui ne sont d’ailleurs pas un contresens historique, esthétique et architectu­ral. Qui nous dit d’ailleurs qu’il n’y a pas eu d’ouvertures dans le temps à cet endroit ? C’est l’interpréta­tion des pétitionna­ires que d’y voir une atteinte au patrimoine local… », résume-t-il encore. Reste que, dos au mur, les riverains sont décidés à aller jusqu’au bout pour se faire entendre. Avec un argument de poids : « Comment peut-on contraindr­e à toutes ces règles d’urbanisme et d’esthétique dans le périmètre des monuments historique­s et laisser le patrimoine médiéval être saccagé ainsi?», s’étonne René Besquet.

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(Photos E. C.) Riverains, élus d’opposition et membres du comité d’intérêt de quartier de Barboulin réunis mardi pour discuter des recours à envisager.
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Les ouvertures percées dans le pan du mur d’enceinte.

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