Un faux prince Albert tente de piéger Michèle Cotta
Notre éditorialiste a reçu hier l’appel surréaliste d’un homme se faisant passer pour le souverain. Il sollicitait de l’argent pour libérer un journaliste monégasque enlevé par un groupe islamiste…
Au cours de sa longue carrière, elle en a certainement vu d’autres, Michèle Cotta. Mais le coup de fil d’hier matin occupera certainement une place à part dans ses souvenirs. À 8 h 45, la célèbre journaliste, qui ne tombe pas de la dernière pluie – l’actuelle éditorialiste à Nice-Matin/Var-matin a notamment été directrice de l’information à TF1 et directrice générale de France 2 – reçoit sur son portable un appel vidéo d’un homme prétendant être le prince Albert II de Monaco. L’interlocuteur lui affirme qu’il organise une collecte de fonds à la suite de l’enlèvement d’un ressortissant monégasque par un groupe islamiste. Rien que ça !
« Il ressemblait au prince mais avec dix ans de moins »
Ce qui, avec le recul, apparaît comme une arnaque ou une blague de très mauvais goût a commencé la veille au soir. « J’ai reçu un appel téléphonique provenant d’un numéro masqué, explique la journaliste. L’interlocuteur m’a dit que Monseigneur voulait me joindre le lendemain matin par WhatsApp (une application de messagerie gratuite sur smartphone, Ndlr). Effectivement, à 8 h 45, comme prévu, j’ai reçu un appel vidéo. » Sur l’écran de son téléphone portable, la journaliste niçoise voit un homme derrière un bureau style Louis XV, à côté d’un fauteuil doré. « Il ressemblait au prince Albert, mais avec dix ans de moins », juge celle qui a rencontré le souverain à deux reprises dans sa carrière. Derrière ce mauvais sosie, la journaliste aperçoit un drapeau bleu et un autre dont elle n’a pas relevé la couleur. Sans doute le rouge et le blanc de la principauté de Monaco. « J’étais trop concentrée sur le visage de cet homme pour regarder ce qu’il y avait autour », reconnaît-elle. « Je veux être sûr qu’il n’y a personne avec vous, lui annonce d’emblée le prétendu prince Albert II. Faites un tour à 360° avec votre téléphone », rapporte Michèle Cotta, qui s’exécute. Elle poursuit : « L’homme me dit qu’un journaliste monégasque a été enlevé par un groupe islamiste. » Michèle Cotta lui répond aussitôt: « Je ne suis pas sûre de vous reconnaître, Monseigneur. » « L’homme était assez loin sur l’image, j’avais du mal à le voir, poursuit-elle. J’essayais de distinguer son visage. Il me dit alors qu’il organise un appel de fonds pour tenter de ramener ce journaliste qui aurait été enlevé. Il me demande si je peux venir au palais et trouve surprenant que je lui dise non, que je ne veuille pas aider un confrère. »
Une « escroquerie » pour le palais
Michèle Cotta flaire l’arnaque. Répète à son interlocuteur qu’elle ne croit pas avoir affaire au prince Albert II. « Il m’a dit qu’il me ferait joindre par un autre moyen et il a raccroché. » La journaliste ne croit pas une seconde à la réalité d’un appel du prince Albert II. « Tout avait l’air bien préparé, la mise en scène n’était pas improvisée. À mon avis, il s’agit d’une arnaque ou d’une blague. » Effectivement, le palais princier confirme : « Le bureau de presse du palais princier salue le discernement de Michèle Cotta qui ne s’est pas fait abuser par cette escroquerie. » Et s’il s’agit d’une blague, comme certains animateurs de télévision s’amusent à en faire pour piéger des célébrités, elle serait du plus mauvais goût…