Sec mais au top
La récolte du raisin s’achève dans l’ouest-Var. Malgré la sècheresse qui pèse sur les rendements, la qualité des vins devrait être au rendez-vous.
Les vendanges s’achèvent dans l’ouest-Var, où les domaines les plus septentrionaux et les plus en altitude (400 mètres environ) ont cueilli leurs dernières grappes en ce début de semaine. C’est le cas de celui de Guillaume Tari, président l’appellation AOC bandol, où le point final à la récolte 2017 a été mis hier. L’occasion de dresser un premier bilan et d’évoquer ce que sera le millésime 2017.
En terminant votre récolte début octobre, vous faites figure de marginal !
En fait, à La Bégude, les vendanges ont débuté le septembre, mais elles se sont étirées sur trois semaines. C’est le terroir qui veut ça, nous sommes le domaine le plus septentrional et en altitude (environ mètres), et les conditions ne sont pas les mêmes sur toutes les parcelles. Cela étant, pratiquement tous les vignerons de l’appellation ont commencé à vendanger en août. Et, historiquement, c’est la première fois qu’il y en a autant à avoir fini les récoltes avant la fin août. Soit un bon tiers. On parle beaucoup d’une récolte réduite du fait de la sécheresse ; c’est aussi ce que vous constatez à l’échelle de l’appellation ? Cette année, nous aurons eu la moitié des précipitations d’une année normale. Mais en vérité, il faut parler d’une succession de vendanges marquées par la sécheresse : , et . Sans oublier le vent, récurrent, qui assèche les feuilles, empêche l’eau de pénétrer dans les sols et ne permet pas de reconstituer les stocks. Le plus dur, sans doute, aura été le coup de sirocco – vent chaud –, en début d’été, qui a fini de sécher les feuilles et a mis un coup d’arrêt aux vignes. Ce phénomène a poussé les terroirs dans leurs limites… et a poussé les vignerons à beaucoup travailler les sols
pour les aérer – suivant l’adage “un binage vaut deux arrosages”. Un gros travail aura donc été nécessaire pour limiter la casse.
A combien estimez-vous le rendement cette année ?
Les parcelles réagissent différemment selon les types de sols et l’exposition. Globalement, on espère atteindre, comme l’an dernier, une moyenne de production de hectolitres par hectare (pour autorisés dans le cahier des charges) sur le territoire de l’appellation. C’est à peine plus que la moitié de nos grands voisins ! Et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle le bandol est plus cher que ses voisins…
La moitié des précipitations d’une année normale”
Dans quel état se trouve le vignoble après trois années de sécheresse ?
En fait, le vignoble retrouve… un semblant d’équilibre. Et ce n’est pas surprenant car cela tient aux caractéristiques du mourvèdre, le cépage roi de notre appellation. Contrairement au grenache qui supporte la majorité de la perte, le mourvèdre - cépage d’origine espagnol est habitué à pousser malgré des précipitations très faibles. Alors, c’est logique que, lorsqu’on atteint, comme cette année, le niveau de précipitation d’Alicante - la patrie du mourvèdre ce cépage est celui qui résiste le mieux.
Au final, si les rendements sont en baisse cette année, comment sera ce millésime ?
Ce qui caractérise ce millésime, c’est qu’il sera… totalement atypique, voire unique. Avec une forte concentration et une belle maturité. Les grands rouges auront de belles aptitudes à la garde, de dix à vingt ans. Mais pas seulement : même jeunes (après un an et demi d’élevage seulement), on découvre leur puissance,
leur rondeur, bref, le plaisir de les boire. Avec un degré d’alcool qui devrait être raisonnable. Les rosés, eux, auront tendance à être plus soutenus en couleurs et en matière. Ils seront très bons. Quant aux blancs, qui ne représentent que % à % de l’appellation ; ce sont des vins d’initiés, peu connus, mais toujours très biens.
La baisse des rendements peut-elle avoir une influence sur les prix ?
Non, car l’appellation a fait le choix d’une politique tarifaire régulière. Sans effet “primeur”, contrairement aux terroirs où le prix peut varier fortement d’une année sur l’autre. Pour nous, cela correspond à une stratégie de fidélisation du consommateur, des cavistes et restaurateurs qui supportent mal les à-coups.
Une forte concentration et une belle maturité ”
Néanmoins, quel est, selon vous, l’état d’esprit des vignerons après ces trois années de sécheresse ?
Cette année, beaucoup ont réalisé l’extraordinaire àpropos de nos anciens qui avaient fait le choix du mourvèdre. Car si on avait eu que du grenache, on aurait perdu encore % de plus cette année. Alors, le ressenti des vignerons