Un deuil impossible
Situation ubuesque au cimetière central. La construction de sépultures au milieu de l’allée 81 empêche l’ouverture de caveaux plus anciens. La mairie assure chercher une solution au plus vite
A cause de la construction de nouvelles sépultures, l’accès à une tombe est devenu trop étroit. Le cercueil a été mis en terres communes momentanément. La famille exprime sa douleur.
Inhumer l’un de ses proches est toujours un moment très difficile. Mais quand le cercueil ne peut être placé dans le caveau en raison d’un problème technique, l’incompréhension s’ajoute à la douleur. C’est la mésaventure que connaît la famille Saulitein qui, faute de solution immédiate, a dû faire procéder à l’inhumation d’un corps dans “l’espace des terres communes”
(1) du cimetière central... « Nous disposons d’une concession de 3 mètres superficiels acquise en 1993 pour une durée de trente ans et
(2) qui doit, théoriquement, pouvoir accueillir au moins quatre corps, raconte Laurent Saulitein. Nous y avons déjà enterré mon père et mon frère, et puis en 2009, quand ma soeur est décédée, les pompes funèbres nous ont signalé une difficulté pour rentrer son cercueil : ils ne pouvaient pas ouvrir suffisamment la porte du caveau pour descendre le cercueil de façon “normale”, c’est-àdire à l’horizontal. Au final, le cercueil a été rentré verticalement, mais n’a pu être disposé dans le même sens que les deux autres… »
« Une contrainte technique d’accessibilité »
La suite de l’histoire est encore plus effarante : « Quand ma mère est décédée, fin septembre, les pompes funèbres n’ont carrément pas pu rentrer son cercueil dans le caveau. Du coup, la mairie nous a prêté une sépulture provisoire en attendant de trouver une solution ». Du côté des pompes funèbres Lévêque, on confirme cette surprenante situation : « Pour l’inhumation de Mme Saulitein, nous avons été confrontés à une contrainte technique d’accessibilité sur le caveau familial. Celui-ci dispose d’une ouverture frontale mais, compte tenu du manque de recul dans l’allée 81, nous n’avons pas eu l’aisance pour manipuler le cercueil et le loger de bonne manière à l’intérieur du caveau. L’angle n’était en effet pas assez conséquent pour obliquer le cercueil. Du coup, même si le caveau de famille dispose d’une capacité suffisante pour accueillir un quatrième corps, nous avons dû, le jour des obsèques, procéder à l’inhumation de Mme Solitein dans “l’espace de terres communes” ».
« Nous subissons un préjudice »
Mais que se passe-t-il donc dans cette allée 81 ? Eh bien, pour répondre à la demande de caveaux supplémentaires, la Ville avait choisi, en 1993, de construire quatre nouvelles sépultures là où il semblait rester de la place. A savoir au milieu de l’allée 81. L’idée était, en soi, louable. Mais, à l’époque, personne ne semble avoir imaginé que cela poserait un problème. La largeur de ces nouveaux caveaux a en effet considérablement réduit l’espace disponible devant les six autres plus anciens. Résultat, il ne reste qu’un mètre environ devant la porte frontale, alors qu’il en faudrait presque le double pour rentrer un cercueil à l’horizontal. « Depuis 2009 et les problèmes rencontrés pour l’inhumation de ma soeur, la mairie nous dit qu’ils vont faire quelque chose. Mais rien n’a encore été réalisé et nous subissons aujourd’hui un préjudice. Nous voulons simplement que notre mère puisse être enterrée avec son conjoint et ses enfants », argue Laurent Saulitein. Et d’ajouter que sa famille s’est attaché les services d’un avocat pour « savoir combien de temps notre mère va rester dans les “terres communes” et, surtout, pour que les frais d’aménagement de notre caveau soient pris en charge par la Ville car nous avons payé pour un service qui n’est pas totalement rendu ».
1. Cet espace permet d’accueillir des défunts quand la famille ne dispose pas de concession ; quand la personne décédée relève du caractère d’indigence ; ou quand un caveau n’est pas accessible et ne permet pas l’inhumation. 2. Une concession payée, à l’époque, 3267 francs (environ 500 euros).