«Aucun doute, il y a un pyromane dans le coin»
Le maire, François Arizzi, rencontrait vendredi soir Emmanuel Macron, le Président de la République. Dans le même temps, un nouvel incendie se déclarait au village
Aucun doute, Bormes-les-Mimosas est la commune de la région, depuis le début de l’été, la plus durement touchée par les incendies. Au total, le village a perdu près de 1 600 hectares de végétation. De quoi émouvoir, voire inquiéter, toute la France. Dans ses plus hautes sphères. Vendredi 6 octobre, François Arizzi était invité, par le président de la République, à l’Élysée. Aux côtés des sapeurs-pompiers et d’autres maires ayant subi des catastrophes naturelles, le premier magistrat borméen a pu s’entretenir avec Emmanuel Macron. Hasard ou coïncidence, quelques heures seulement après son entretien, un nouvel incendie se déclarait sur la commune de Bormes-les-Mimosas. Résultat ? Huit nouveaux hectares réduits en cendre... et de multiples interrogations.
Un nouvel incendie, un soir de Mistral... Quel est votre sentiment, quelques heures après ce nouveau sinistre?
Très sincèrement, je suis vraiment en colère. Bien plus qu’attristé. Après tous ces malheureux événements sur Bormes-lesMimosas, je pense que l’on peut dire qu’il y a un pyromane dans le coin. Quelqu’un qui s’amuse à mettre le feu dès qu’il y a du vent. On a recensé deux départs, le jour même, dans l’après-midi vers le Babaou et le soir, à Maudroume... C’est trop.
Vous l’affirmez, vous n’avez plus aucun doute. Ces incendies sont criminels...
Oui ! Je n’ai plus aucun doute. Maintenant, il va falloir être de plus en plus vigilant. On va devoir trouver le moyen, en concertation avec la gendarmerie, de débusquer ce pyromane. On ne peut pas vivre, à chaque coup de Mistral, avec ce risque.
Des pistes ressortent-elles déjà?
Non, sur les incendies de Bormes, nous n’avons rien trouvé. Pas encore. Malheureusement.
On vous sent très remonté...
La colère, c’est le sentiment qui domine aujourd’hui. Mais il ne faut pas oublier d’avancer. On doit continuer. Pour ça, je tiens à souligner l’implication de tous les acteurs. Que ce soit les sapeurspompiers comme les personnels, les Borméens. Nous avons immédiatement remis en place le plan communal de sauvegarde et on peut voir que ça a bien fonctionné.
En tout juste une heure, une centaine de sapeurs-pompiers étaient présents à Maudroume, vendredi soir...
Les pompiers ont très bien réagi. Encore une fois. Ils ont vraiment cerclé l’incendie... en prenant des risques. Il faut les remercier. Ensuite, la chance que l’on a eue, c’est que le vent tombe d’un seul coup, au sommet de la crête. Heureusement. La peur que j’avais, c’était qu’il saute et qu’il monte vers Notre Dame de Constance et redescend vers le village.
Vous déclarez avoir immédiatement activé le plan communal de sauvegarde. En quoi consiste-t-il ?
C’est un groupe, constitué d’élus et de personnel communal. En tout, nous sommes une dizaine. Dans une situation d’urgence, chacun a une tâche bien précise. Comme la gestion centralisée, l’ouverture des salles, la communication sur les réseaux sociaux, relations avec la préfecture, etc.
La commune de Bormes-lesMimosas est désormais et malheureusement rodée à cet exercice...
Malheureusement, comme vous dites. Vendredi, nous avons anticipé, immédiatement, la situation. En mettant en place ce plan, tout le monde est sur le quivive.
Le risque est-il que la population tombe dans une certaine psychose, chaque soir de Mistral ?
Oui. Mais on ne doit pas tomber dans cette psychose. J’avoue que ce n’est pas toujours évident. Forcément, tant qu’il ne pleuvra pas suffisamment, on ne sera pas rassuré et on tremblera chaque soir de Mistral. Surtout, ce que je ne voudrais pas, c’est que dès lors qu’on rencontre quelqu’un dans la forêt en train de se balader, qu’on le soupçonne d’être un pyromane. J’espère que nous n’en arriverons pas là. Mais ce qui est sûr, c’est que les gens commencent à en avoir un petit peu ras le bol. François Arizzi, maire de Bormes-les-Mimosas
Sur le sujet des incendies, vous avez rencontré, vendredi dernier, le Président de la République.
Oui, la commune de Bormes a été conviée, vendredi soir, à l’Élysée. On ne refuse pas une invitation présidentielle. C’était l’occasion de représenter Bormes à la capitale. Sur place, il y avait énormément de pompiers ainsi que d’autres maires durement touchés par des catastrophes naturelles. Emmanuel Macron a rendu hommage aux services de secours, que ce soit pour les incendies de forêt, mais aussi pour les différents ouragans qui ont touché nos territoires. Dans son discours, le Président a mis en exergue les évacuations rondement menées à Bormes. C’est toujours bon à prendre.
Avez-vous pu échanger?
Oui. J’ai pu m’entretenir avec lui, notamment sur la manière dont on avait travaillé, à Bormes, sur cet incendie de fin juillet.
Qu’est-il ressorti de cet entretien?
C’était un échange sympathique et chaleureux d’un Président à l’écoute. Nous n’étions pas dans le cadre d’une réunion autour d’une table ronde. Ce n’était pas ça. Il a pris conscience, à sa mesure, des efforts que l’on doit encore faire, d’une part concernant les moyens aériens, et d’autre part en collaboration avec l’Europe. Maintenant, adviendra ce qu’il adviendra.
Hasard ou coïncidence, quelques heures seulement après votre rencontre présidentielle, un nouvel incendie s’est déclenché sur la commune... De Paris, comment avez-vous géré la situation?
J’ai été averti tout de suite par les sapeurs-pompiers. J’ai immédiatement appelé mon adjoint à la sécurité et mon directeur des services techniques pour déclencher le plan de sauvegarde de la commune le plus rapidement possible. Ensuite, j’étais en permanence au téléphone avec eux. C’est comme si j’étais en direct, quasiment sur le terrain.
Il y a un pyromane dans le coin. Quelqu’un qui s’amuse à mettre le feu dès qu’il yaduvent.”
Sur les réseaux sociaux, vendredi soir, la colère grondait...
Je ne regarde pas les réseaux sociaux. La plupart du temps, c’est de la colère pure. On est presque dans de l’exagération. Je ne pense pas que les réseaux sociaux doivent servir à ça. De mon côté, je m’en sers seulement pour informer et essayer d’être constructif. Sur le reste, je n’en tiens pas compte. Il y a une enquête en cours, nous devons faire confiance à la gendarmerie. Si on attrape le ou la pyromane, il ou elle sera jugé, et voilà. Je ne mettrai jamais ma colère sur la place publique. C’est ma vision des choses.