«Les Lassipontains sont chauvins»
C’était mieux avant, comme disent les anciens ? Pas si sûr… À l’occasion d’une conférence sur l’histoire du Pontdu-Las, suivie du témoignage de deux habitants de différentes générations du quartier, l’assistance s’est rendue compte que celui-ci n’avait pas changé tant que ça depuis l’après-guerre. L’esprit village dans la ville demeure. Pourquoi ? «Parce que les Lassipontains sont chauvins. Ils préfèrent faire travailler les commerçants du coin que ceux du centre-ville ou la grande distribution», répondent, de concert, Christian Lanfranchi et Nicolas Chatzimichalis, de trente ans son benjamin. Oh, ils ne nient pas que des choses ont changé, à commencer par les habitants. « Avant, c’était un quartier rempli de Corses, puis les gens d’origine maghrébine sont venus s’installer au début des années 1970 », précise Nicolas, qui est aussi le secrétaire de l’association des commerçants du grand Pont-du-Las.
« Il y avait le laitier, la biscuiterie…»
À l’image de Saint-Jean, à qui on le compare sans cesse, il y a un gros brassage de populations et de générations. Boire un café sur la place d’Espagne permet de s’en rendre compte en un coup d’oeil. À cet endroit, justement, ce sont les aménagements immobiliers qui interpellent Christian. «Il n’y avait pas, dans les années 50, tous ces bâtiments. On voyait une masse de gens, maintenant on voit une masse d’immeubles. » À leur pied, les commerces ont été renouvelés, même si certains ont disparu. « Ily avait la biscuiterie, le bar Central (aujourd’hui le Pilier), le laitier… » «On essaye de faire revenir ce type de professions. Qu’il y ait des kebabs, c’est bien, mais il faut aussi des cordonniers, des cavistes et des artisans qui permettent encore plus à nos habitants de vivre en «autarcie», même s’ils peuvent déjà le faire, en fait. » Certains ne s’en privent pas.