JOURNÉE, BORDEAUX-BÈGLES - TOULON : -) Le bon vin tourne au vinaigre
Jouant les intermittents du spectacle, les Toulonnais sont passés à côté d’un succès. Faute d’avoir su tuer la rencontre, ils se sont fait assommer par des Bordelais opportunistes Bastareaud agacé mais rassurant
On s’interrogeait lors de la présentation du match entre Bordeaux et Toulon en titrant : «Grand cru ou vin de messe ? ». Après coup (si on ose s’exprimer ainsi en pareil cas), on pourrait parler de « belle cuvée » pour les vendanges de la première période, et « vinaigre » pour la suite de la récolte. Comme on avait pu le voir à Clermont où il avait échoué de peu, le RCT est passé, samedi en fin d’après-midi, à côté d’une florissante moisson de points, face à Bordeaux-Bègles qui a tout fait pour conserver son invincibilité à domicile. Mais les Toulonnais ont manqué – une fois de plus – de constance. Un nouveau passage à vide, de la 41e à la 60e minute de jeu, leur a été fatal. C’est d’autant plus regrettable que les Varois ont retrouvé en fin de rencontre tout leur allant. Ils ont même terminé plus fort que leurs adversaires, finissant sur leurs talons. Mais le mal avait frappé peu avant. La nouvelle infériorité numérique (50e minute) aura probablement coûté une victoire qui semblait s’être dessinée en première période avec la main mise des Toulonnais sur le ballon. Si ce nouveau carton jaune explique en partie la déconvenue des Varois, il ne peut pas en être une excuse pour autant. Les hommes de Galthié, qui avaient su prendre le large – ils menaient de 15 points (318)
LES MATCHES D’HIER
La Rochelle - Racing 92 : 16-9 (13-6)
Pour La Rochelle : 1 essai de Rattez (33) ; 1 transformation et 3 pénalités (8, 16, 55) de Balès. Pour le Racing 92 : 3 pénalités de Machenaud (2, 37, 72).
Toulouse - Clermont : 28 - 18 (17 - 13)
Pour Toulouse : 3 essais de Dupont (26, 39) et Holmes (43) ; 2 transformations (26, 39) et trois pénalités (14, 60, 69) de Ramos. Pour Clermont : 2 essais de Parra (36) et Strettle (72) ; 1 transformation de Parra ; 1 pénalité (31) et un drop (11) de Lopez. après une demi-heure de jeu –, ont encaissé par la suite un cinglant 27-3 (3021) entre la 36e et la 62e minute de jeu, alors à sens unique. Vingt-cinq minutes de jeu au cours desquelles Bordeaux-Bègles s’est refait la cerise, ne laissant aux Varois que les queues.
Une hotte de fautes individuelles
Comment expliquer un tel passage à vide, quand on sait (les GPS en témoignent) que Bastareaud et ses partenaires ont fini plus fort lors des toutes dernières minutes ? Ce coup de mou est-il dû à une fragilité mentale, un manque de concentration, une absence de lucidité, une difficulté technique, une coupable gestion de jeu, un coup de moins bien ? Il y a probablement un peu de tout ça. Si on ajoute au tableau des petites mais récurrentes fautes individuelles des Rouge et Noir en le capitaine toulonnais ne met pas tout à la poubelle. mode « on-off », vous vous retrouvez face à une équipe de l’UBB requinquée, qui profite à plein du préjudiciable passage à vide. Si les Toulonnais peuvent se flageller, leurs adversaires, revenus après la pause dans un tout autre état d’esprit, ont tout de même su mettre la réussite de leur côté. Un groupé pénétrant rondement mené, une charnière qui coulissait bien, un jeu rapide, des montées défensives agressives ont eu Quelque peu agacé par la tournure des événements, samedi soir à Bordeaux, Mathieu Bastareaud, auteur d’une nouvelle belle prestation, relevait avec calme mais dépit : «Onlesaremis dans le match. On peut s’en vouloir ». Et d’ajouter, pour être plus précis : « En première période, on a réussi à les mettre sous pression, entre autre sur les phases statiques. De plus, on était bien en place en défense. On menait largement au score. Voilà pourquoi c’est particulièrement dommage que cette deuxième mitemps nous ait tués. » Et de ne pas oublier de rendre hommage à Bordeaux-Bègles : « Après, il ne faut rien enlever à nos adversaires. Ils ont réussi au final le match parfait. Ils ont mis leurs tripes sur le terrain et nous raison de Tillous-Borde et ses partenaires, alors empruntés. Sans la faillite de leur buteur (il a laissé en route dix points en signant un petit 3/7, soit 42 % contre 86 % au cours des six premières journées), les hommes de Jacques Brunel n’auraient pas connu un tel décrochage qui n’avait, au demeurant, rien de définitif. Malgré tout, côté toulonnais, ce premier bloc de sept rencontres (4 victoires un peu moins. Au rugby, si tu ne mets pas le coeur et l’envie de tous les instants, tu te retrouves en difficulté. Et face à une formation bordelaise qui manie bien le ballon, on s’est mis en difficulté. Au cours de cette deuxième mitemps, on a reculé constamment. C’était vraiment devenu difficile. »
« Tout n’est pas à jeter »
Lui et ses partenaires ont-ils connu un quelconque problème d’ordre physique après toute l’énergie dépensée lors des quarante premières minutes ? Il s’en défend, tout en précisant : « Malgré cette défaite, tout n’est pas à jeter. On va revoir tout ça à la vidéo mardi. Mais on remarque, comme on l’a déjà vu contre Montpellier, La Rochelle ou le Stade Français qu’une rencontre dont une à l’extérieur pour trois défaites), avec à la clef trois points de bonus (un offensif, deux défensifs), se solde par un bilan plutôt positif avec un classement britannique (+7) encourageant, malgré les points laissés en chemin. À présent, et pour deux semaines, s’ouvre la parenthèse européenne. Une compétition où tout va très vite et où il faut éviter tout faux pas.
PAUL MASSABO dure minutes. Or nous n’avons joué qu’une mi-temps. Si ce rendement peut passer contre certaines équipes, ça ne peut pas le faire face à une formation de la qualité de Bordeaux-Bègles. J’ai beaucoup de respect pour elle. Quant à nous, on a pris un coup derrière la tête, car on était venu ici pour réussir un truc. On repart avec un petit quelque chose, c’est déjà bien. Ramener un point de l’extérieur, ce n’est déjà pas si mal. En fin de saison, à l’heure du décompte, ces points comptent. » Évoquant la prochaine échéance européenne avec la venue des Scarlets à Mayol, dimanche prochain, le capitaine toulonnais se montrait rassurant en affirmant, convaincu : « On sera prêt pour l’Europe ».