«Le Fimé, c’est la promesse d’un grand frisson»
Le treizième Festival international des musiques d’écran, ode au ciné-concert organisée par Philharmonia dans les salles obscures de l’agglomération, sera lancé demain à Toulon
Laurence Recchia et Luc Benito aiment partager : leur bureau, en face de la gare de Toulon, comme leur passion insolite pour le ciné-concert, ce genre de spectacle qui associe projection d’un film (muet mais pas nécessairement) et exécution en direct d’une ou de plusieurs pièces musicales. Le duo de l’association
(1) Filmharmonia a même impulsé, il y a douze ans, un festival international des musiques d’écran, le Fimé. La treizième édition étalée sur dix jours (jusqu’au 19 novembre) et étendue sur plusieurs villes de l’aire toulonnaise débute demain, et orchestre huit ciné-concerts (dont quatre créations musicales), ainsi que cinquante musiciens. Entretien avec les architectes d’un événement « fou, fou » (2).
Le programme a-t-il été difficile à réaliser ?
Luc Benito : « Non, le plus difficile étant de se renouveler. Le ciné-concert est une forme difficile à défendre, alors il faut toujours convaincre. Ça vaut pour tous les festivals, et celui-là davantage. » Laurence Recchia : « Notre public a beaucoup appris. Dès la deuxième édition, nous présentions des choix audacieux. Aujourd’hui, les gens attendent le Fimé. C’est la promesse d’un grand frisson. »
Pour la première fois depuis dix ans, le festival retrouve l’Espace des arts du Pradet. Comment ce retour s’est-il préparé ?
L. B. : « Comme je suis également à la tête d’une association culturelle d’exploitation de salles de cinémas, je travaille avec eux toute l’année. Là, le festival a apporté une vraie proposition. Le choix du lieu est très important. » Laurence Recchia : « De l’écrin se dégage l’ambiance. Le Fimé propose toujours un parcours au sein de l’aire toulonnaise. Aujourd’hui, le territoire s’en empare pleinement, il fait partie du paysage culturel. Il faudrait être fou pour le manquer ! »
Comment choisissez-vous les lieux ?
L. B. : « On choisit surtout en fonction du public visé. Il faut chercher une évidence, car rien ne colle a priori. Cela ne veut pas dire que ça marche à tous les coups non plus. Les partenaires nous font confiance : seuls le théâtre Liberté et l’Opéra ont fait une proposition en amont, croisée avec leur propre programmation. »
Le Fimé laisse-t-il place à l’improvisation ?
L. R. : « On a les deux extrêmes. À Ollioules, sur Cauchemars et superstitions, le pianiste Camille El Bacha offrira un moment unique, complètement libre. Avec La Passion de Jeanne d’Arc
Quelle est l’ambition du Fimé ?
L. B. : « Ce n’est pas une ambition, c’est un pari : si vous nous faites confiance, quelque chose va se passer. Je suis hyper exigeant et au Liberté, les Voix animées vont interpréter à partir de repères, tandis que la création d’Hugo GonzalezPioli sur Les Fiancées en folie est écrite à la mesure près, à la baguette. La palette du Fimé est très large.
critique, donc je remets tout en question chaque année. Tant qu’on a des choses à dire, le public suivra. »
Peut-il encore grandir ?
L. R. : « Depuis treize ans, on a invité tous les genres et styles musicaux. Et comme le répertoire de films restaurés ne cesse de se développer avec la numérisation, notre choix est toujours plus riche. Et puis, depuis nos débuts, le ciné-concert est davantage à la mode. Le Liberté et le Pôle jeune public en proposent régulièrement. » 1. Laurence Recchia, coordinatrice du festival, et Laurent Benito, directeur et programmateur. 2. Le thème 2017 est « fou, fou ».