Engin explosif dans un lycée de Cannes : “J’espère que les familles vont prendre leurs responsabilités”
Il y a quelques jours, trois lycéens ont fait exploser un engin artisanal au lycée Bristol de Cannes. Quelle réponse pédagogique ?
Cela passe par un registre d’explications et de sanctions, si sanction il doit y avoir. Et aussi une sensibilisation des familles. Une blague doit être traitée comme une blague, une fusillade comme celle de Grasse doit être traitée au plus haut niveau. Pour Cannes, j’attends que l’enquête soit menée jusqu’au bout et de voir quelles conclusions seront tirées par l’établissement luimême. Conclusions que je suivrai. J’espère que les familles vont prendre leur part de responsabilité. Chacun doit prendre sa part dans l’éducation de notre jeunesse, nous sommes tous coresponsables. C’est beaucoup trop facile de renvoyer les maux sociétaux à telle ou telle institution. Si chaque institution, y compris familiale, joue son rôle, on n’ira que vers du mieux.
Les signalements de cas de radicalisation sont-ils nombreux dans l’académie ?
Nous ne sommes pas dans la culture du chiffre. Notre travail c’est de faire remonter les signalements en tant que tel, mais nous ne les traitons pas.
Derrière cette question, ce que nous cherchons à comprendre, c’est si le fait d’avoir mis en place de la formation permet de détecter plus de cas ?
Je ne peux pas vous donner de chiffres. Nous faisons remonter des observations. Nous n’avons pas la compétence pour traiter s’il s’agit de cas de radicalisation ou non ; je ne peux pas vous dire combien de cas nous avons. Ce n’est pas de la compétence de l’Éducation nationale.
On sent une précaution oratoire...
Pas du tout. La consigne que je vous exprime est la consigne que je donne. Je ne veux pas que dans les établissements on puisse se mettre en situation de réfléchir si c’est un cas de radicalisation ou non. Ce n’est pas notre travail.
L’Éducation nationale ne fait-elle pas l’autruche ?
Précisément, s’emparer du problème c’est encourager à faire remonter tout ce qui paraît suspect d’une manière ou d’une autre. Les enseignants sont formés aux cas qui peuvent leur sembler suspect. Ils ne font pas le diagnostic.
Notre région est une de celles qui comptent le plus de cas de radicalisation en France. L’académie est-elle le reflet de ce phénomène ?
Nous sommes dans une région où il y a beaucoup de cas de radicalisation. Notre travail est de faire remonter tous les signalements possibles. Je ne cherche pas à
cacher quoi que ce soit, c’est un message pédagogique : amener les chefs d’établissement et les directeurs d’école à ne pas faire d’autocensure.
En matière de sécurité, les leçons ont-elles été tirées de la fusillade de Grasse ?
Cela s’est plutôt passé correctement à Grasse. Si on n’a pas eu de drame plus important, c’est que la communauté éducative avait pris part aux entraînements, y compris les élèves. Chaque cas de ce type en France est étudié, débriefé pour voir comment on fait évoluer les choses. La sécurité est, aujourd’hui, parfaitement intégrée à la culture de l’appareil Éducation nationale. Je vois prochainement les présidents des universités pour voir comment on conçoit la sécurité dans les établissements d’enseignement supérieur, par définition plus ouverts que ne le sont les établissements scolaires. Il n’y a pas de risque zéro, mais on peut être préparés.