Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le plan Macron

- Par MICHÈLE COTTA

« Difficile de parler, aujourd’hui, de banlieues et des quartiers sensibles, sans évoquer la radicalisa­tion religieuse de quelques milliers de ses habitants. »

Mobilisati­on générale pour lapolitiqu­e de la ville : combien de fois, depuis que la Ve République existe, et en avonsnous entendupar­ler ! Emplois aidés, zones franches, quartiers sensibles, combien de ministres, dePremiers ministres, deprésiden­ts de la République même, ont prodigué leurs encouragem­ents, avancé leurs solutions, combien de crédits alloués, pour un résultat qui est, hélas ! toujours resté le même: l’existence, autour des villes, dequartier­s baptisés difficiles, marqués par un fort chômage des jeunes, des commerces en berne, une exclusion sociale irréductib­le, une pauvretéqu­e viennent encore d’ accroître, comme c’ est le cas à Paris, les problèmes incessants des réfugiés. Sans oublier, dans le Nord et l’Est, les effets dévastateu­rs de la désindustr­ialisation et ceux d’une mondialisa­tion galopante qui a laissé sur le carreau les plus faibles ou les plusdémuni­s. Pour quelques succès, enmatièred­e rénovation urbaine, combien d’échecs, combien d’espoirs vite disparus. Après Clichy, dans la région parisienne, et Tourcoing dans les Hauts-de-France, c’est à Roubaix qu’Emmanuel Macronacho­isi d’annoncer, mardi, son plan de bataille pour changer le visage des quartiers difficiles d’ici à la fin de son quinquenna­t. Le président de la République ne fait jamais rien par hasard. Ilad’abordvoulu, dans le Nordsocial­ement éprouvé, « tordre le cou » à l’expression « Président des riches » que ses opposants de gauche, mais aussi, paradoxale­ment, de droite, ont entrepris de lui coller à lapeau. D’où son plaidoyer, devant un parterred’élus locaux, maires, députés etmêmeprés­ident de région, en faveur de toutes les mesures, d’ailleurs annoncées dans son programme présidenti­el, prises en faveur des entreprise­s .« Il n’yapas, a-t-il répété, une économie qui tireenavan­t tout le pays s’il n’yapas d’entreprene­urs qui réussissen­t. » C’est en quelque sorte l’explicatio­n de la métaphore, employée dans son interview télévisée d’octobre dernier– métaphoreq­ui avait indigné la France insoumise et les socialiste­s–, des « premiers de cordées », seuls capables de tirer vers le haut les investisse­ments et la croissance, pour en fairebénéf­icier, par ricochet, les classes plus populaires. L’expression n’avait pas alors paru particuliè­rement convaincan­te pour faireoubli­er le « Président des riches » , c’est pourtant les mots qu’ilaemployé­s à nouveau, pour tenter de se fairemieux comprendre, aucours de son déplacemen­t dans le Nord. On verra s’il ya mieux réussi en s’adressant, cette fois, sur leur terrain, àdes auditeurs issus de milieux plus populaires. Difficile, enattendan­t, de parler, aujourd’hui, de banlieues et des quartiers sensibles, sans évoquer la radicalisa­tion religieuse de quelques milliers de ses habitants, présents au milieu des millions d’autres quiyvivent. Pour le Président, c’est parce que la République y a démissionn­é que des associatio­ns salafistes sesont installées. On voudrait bien que ce soit vrai, et qu’il suffise de réinjecter­des crédits, de remettrede­s professeur­s et des policiers pour mettre fin à la radicalisa­tion. L’expérience passée montre, hélas! que ce n’est pas automatiqu­e.

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