Lucky Macron
Le redressement tricolore est réel, mais rien n’est jamais définitivement acquis en économie
En politique, dit-on, la chance est une qualité. François Hollande et Nicolas Sarkozy ne l’ont pas eue avec eux mais, avec le recul, sans doute pourra-t-on démontrer qu’ils ont permis à Emmanuel Macron d’en bénéficier. Car le regain français enregistré par toutes les statistiques n’est pas le résultat d’un coup de baguette magique. Les deux derniers quinquennats ont été marqués par une crise sans précédent, plombés par de nombreuses erreurs, mais des mesures, certes insuffisantes, ont aussi contribué à remettre le pays dans le sens de la marche. Pas de miracle certes, mais une situation nouvelle dont profite le Président Macron. Elle lui permet d’avancer ses réformes dans un pays moins pessimiste, plus ouvert au changement. La volonté présidentielle de réformer est donc en phase avec un climat économique favorable. Telle est la chance du chef de l’État, alors que sa politique n’a pas produit encore ses effets. Mais on sait qu’en matière économique la psychologie compte beaucoup. L’INSEE vient ainsi de constater que jamais le moral des chefs d’entreprise n’a été aussi élevé depuis dix ans. Il est vrai que que la croissance est de retour - ,% cette année qui remplit les carnets de commandes. Les réformes Macron, appréciées du patronat, expliquent pour partie ce regain de confiance. Les investisseurs étrangers, en particulier américains, retrouvent eux aussi le chemin de l’Hexagone, séduits par la politique qui s’y met en place. Par ses choix, le Président surfe, en vérité, sur des événements qui lui sont extérieurs. Le Brexit, par exemple, sert les intérêts de notre pays, car des établissements financiers quittent la City pour s’installer à Paris ou à Francfort. Chance aussi que ce tirage au sort qui a permis mardi dernier de rafler au nez et à la barbe de l’Irlande le siège de l’Autorité bancaire européenne, institution phare de l’Union européenne, qui doit quitter Londres avant le mars , le jour actant définitivement le Brexit. Chance encore que ce rebond du commerce international, puisque les échanges devraient progresser de ,% cette année, après avoir baissé en et . Ce raffermissement de la conjoncture devrait permettre à nos exportations de bondir de plus de milliards d’euros. La chance ne doit pas, pour autant, aveugler, ceux qui en profitent. Le redressement tricolore est réel, mais rien n’est jamais définitivement acquis en économie. Notre croissance demeure toujours plus faible que celle de la moyenne européenne, nos finances sont toujours sous haute surveillance de Bruxelles et le marasme des investissements industriels ces dernières années fait planer des incertitudes sur notre capacité à suivre le rythme retrouvé de la demande intérieure. Bref, la chance continuera à sourire à Lucky Macron sauf si, par arrogance, il criait victoire trop tôt.