Procès Dekhar à Paris : ans de prison requis
Suicides chez les forces de l’ordre : réunion paritaire au sommet
Une peine de 25 ans de réclusion criminelle a été requise hier contre Abdelhakim Dekhar. Le verdict n’était pas encore connu à l’heure de notre bouclage. Jugé depuis une semaine, il avait été qualifié d’« ennemi public numéro un» pendant cinq jours de traque, en novembre 2013 à Paris. L’avocat général Bernard Farret a demandé que sa peine soit assortie d’une période de sûreté des deux tiers. A BFMTV, il avait menacé Philippe Antoine, alors rédacteur en chef, avec un fusil à pompe. Il aurait alors dit : « La prochaine fois, je ne vous raterai pas », avant de prendre la fuite en laissant deux cartouches à terre. Trois jours après, il avait grièvement blessé par balle César Sébastien, alors âgé de 23 ans, dans le hall de Libération, touché par une balle dans le dos, qui a traversé son corps en passant à 2 mm du coeur.
Un otage
Il s’était ensuite rendu dans le quartier d’affaires de la Défense, où il avait tiré sur une porte d’entrée de l’immeuble de la Société générale, non loin de deux salariées. Il avait enfin pris un automobiliste en otage. « Le principal mobile, c’est tuer par dépit social », a dit l’avocat général dans son réquisitoire. Il y a chez M. Dekhar « un ressentiment contre la société, l’Etat, le capitalisme », « un désir de vengeance ». « Il n’est pas dans le remord. Il est resté dans la revendication, la rancoeur », a mis en avant le magistrat. Abdelhakim Dekhar, 52 ans, qui se présente comme un « intellectuel », s’est plusieurs fois emporté au cours de son procès, en parlant politique, évoquant aussi bien la colonisation de l’Algérie Le ministère de l’Intérieur et les organisations représentatives des personnels ont convenu hier de poursuivre les efforts pour la prévention des suicides chez les forces de l’ordre, sans pour autant dévoiler de nouvelles mesures. Un nouveau point est prévu entre le ministre et les organisations d’ici à la fin du premier trimestre 2018. « Développer la vigilance collective, mieux prendre en compte les tentatives de suicide, s’assurer du maintien du contact avec les fonctionnaires et militaires éloignés du service ou encore améliorer les réponses dans l’urgence » : telles sont les pistes abordées lors de la réunion place Beauvau, entre le ministre Gérard Collomb, les syndicats policiers et les représentants du conseil de la fonction militaire de la gendarmerie nationale. M. Collomb a « insisté sur l’importance du management et sur les qualités des relations interpersonnelles qui doivent favoriser la cohésion des équipes quotidiennement confrontées à des situations complexes et violentes. Le ministre a redit qu’il n’était pas question de revenir sur le principe d’un armement hors service », a précisé le directeur général de la police nationale, Éric Morvan. Cependant, il faut pouvoir « discuter » de la question de l’arme, « dans un certain nombre de circonstances particulières que la crise de la sidérurgie dans l’est de la France, les banlieues, etc... « M. Dekhar n’a jamais eu l’intention de tuer quelqu’un », a plaidé son avocat, Me Hugo Lévy : « Pour condamner quelqu’un pour tentative d’assassinat, il faut des certitudes. (...) Vous n’avez à titre de preuve que des hypothèses. À Libération, il n’aurait pas eu l’intention de blesser mais aurait tiré dans « la confusion et la panique. » L’accusé a été décrit comme un homme violent, « un menteur pathologique ».« Le problème de M. Dekhar, c’est qu’il n’a pas accepté de ne et sans stigmatisation », car c’est un « facteur facilitant », a convenu le patron des policiers, qui a également souligné l’importance du travail de cohésion et de la médecine préventive.
Dégradation des conditions de travail
Le directeur général de la gendarmerie nationale a insisté sur l’impératif « d’écoute » des personnels de la part « du commandement, des chefs et aussi des représentants du personnel pour capter tous les signaux faibles ». pas avoir réussi sa scolarité. Il s’est présenté comme ingénieur, alors qu’il était agent d’entretien », a déclaré l’avocat général.
« Association de malfaiteurs »
Abdelhakim Dekhar a déjà été condamné aux assises, en 1998, dans un dossier criminel majeur lié aux milieux de l’ultragauche. Il était soupçonné d’être « le troisième homme » de l’équipée de deux membres de cette mouvance, Florence Rey et Audry Maupin, qui s’était achevée par une fusillade au cours de laquelle trois policiers, un chauffeur de taxi et Maupin avaient été tués en 1994. Il avait été condamné à quatre ans de prison pour « association de malfaiteurs ». Pour l’avocat général, il s’est « réinséré jusqu’en 2013, mais il a suffi de problèmes familiaux et d’un coup de mou pour qu’il retombe. Et il a commis des faits encore plus graves » que ceux pour lesquels il était jugé en 1998. Bernard Farret a par ailleurs requis de la prison avec sursis contre Sébastien Lemoine, avec M. Dekhar quand il a jeté le fusil à la poubelle, avant de le dénoncer. Les syndicats ont salué « un bilan particulièrement objectif », un « constat partagé », mais ont insisté sur la dégradation des conditions et la question du temps de travail des policiers. « C’est un des facteurs de l’aggravation des risques de suicides dans nos rangs », selon Yves Lefevbre, secrétaire général d’Unité. « Nous pensons qu’il y a des questions fortes de management, de conditions de travail, d’horaires de travail, de vie au travail (...) Aujourd’hui il y a une situation qui se dégrade sur le terrain. Pas assez de prévention, pas assez de suivi des collègues en maladie, des cycles de travail compliqués... »,a souligné son homologue d’Alliance, Jean-Claude Delage. Le ministère a dénombré 62 suicides parmi les forces de l’ordre depuis le début de l’année : 46 chez les policiers et 16 chez les gendarmes. Après une décrue en 2015 et 2016, deux années marquées par une intense activité opérationnelle en raison de la menace terroriste, le nombre de suicides a connu une hausse cette année, sans toutefois atteindre les niveaux enregistrés avant la mise en oeuvre d’un plan de prévention décidé par Bernard Cazeneuve en 2015. La moyenne des suicides dans la police, sur les dix dernières années, s’établit à 43,2. Elle est de 25 chez les gendarmes. L’actuel secrétaire d’Etat à l’Economie Benjamin Griveaux (photo à gauche) a été promu hier soir porte-parole du gouvernement auprès du Premier ministre Edouard Philippe, a annoncé l’Elysée dans un communiqué. Il succède à Christophe Castaner(photo à droite), récemment élu Délégué général de La République en marche, qui garde toutefois son portefeuille de secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement. Le député socialiste Olivier Dussopt est lui nommé secrétaire d’Etat auprès du ministre des Comptes publics et sera en charge de la Fonction publique, tandis que Delphine Gény-Stephann, l’une des dirigeantes de Saint-Gobain, devient secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie Bruno Le Maire.
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