Acquitté d’une accusation de viol aggravé à Six-Fours
La cour d’assises du Var a délibéré moins d’une heure hier, pour acquitter Pierre, un exmilitaire toulonnais de 23 ans, des charges de viol en état d’ivresse manifeste qui pesaient sur lui. Au terme de deux jours d’un procès auquel n’a pas assisté la plaignante, l’avocat général avait requis huit ans d’emprisonnement. Mis en examen et incarcéré deux jours après la plainte du 4 octobre 2014, la Légion étrangère, dans laquelle ce jeune Malgache s’était engagé par tradition familiale un an auparavant, avait mis fin unilatéralement à son contrat dès le 9 octobre. On ne sait si son statut d’innocent, désormais confirmé, lui offrira la possibilité de renouer avec une carrière militaire.
Trop d’alcool
Au matin d’une soirée où tous deux avaient beaucoup bu à Six-Fours-les-Plages, Flora, une compatriote de l’accusé, avait dénoncé à la police le viol que lui aurait fait subir Pierre à son domicile. Celui-ci, retrouvé endormi sur le lit de la plaignante, ce qui n’est pas le cas général pour l’auteur d’un viol, n’avait pas
contesté les relations intimes qu’il avait eues avec elle. Mais selon lui, elle était consentante. Et s’il y avait des traces de violences sur sa personne et dans son logement, c’est parce qu’elle avait commencé par le frapper, sous l’effet de l’alcool, et qu’il s’était défendu. « Elle s’est laissée faire après deux scènes de violence , en a conclu l’avocat général. C’est peut-être ce que l’accusé a considéré comme un consentement. Il était en état d’ivresse, ce qui a faussé son jugement. » Pour Me Véronique Oberti en
défense, on était passé un peu vite sur les variations de la plaignante dans ses déclarations. « On balaye ces variations en disant qu’elle était alcoolisée. Ainsi, elle dit qu’il l’a menacée avec un couteau. Mais sur ce couteau, il n’y a pas l’ADN de l’accusé, il n’y a que celui de la plaignante. »
Plaignante absente
Se défendant de vouloir faire le procès de la jeune femme, Me Oberti n’en a pas moins souligné que dans la communauté malgache, elle avait la réputation d’être « plutôt chaude et violente, en parole et en gestes quand elle a bu ». L’absence de Flora au procès, tout comme le fait qu’elle ne s’était pas fait représenter par un avocat, « sont le signe qu’elle a fait le choix de ne pas se constituer partie civile, comme si ce n’était plus son problème ». Le dossier de personnalité de Pierre avait fait le portrait d’un jeune homme équilibré, très attaché à sa famille unie et affectueuse de protestants pratiquants, aimant l’armée et ses valeurs, davantage influençable que timide, ne souffrant d’aucun trouble de la personnalité ni psychiatrique. « Depuis trois ans, il est sous le coup d’une fausse accusation. Il n’est pas coupable » , a conclu Me Oberti.
Procès renvoyé
Le procès en appel d’un règlement de compte entre trafiquants de drogue à Marseille, qui devait s’ouvrir aujourd’hui, a dû être renvoyé in extremis, l’avocat général ne pouvant être présent en raison d’une difficulté familiale. Ce renvoi ne pourra pas intervenir avant le printemps prochain.