Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Bertrand claque la porte au nez de Wauquiez !

- THIERRY PRUDHON

Vingt-quatre heures à peine auront suffi pour que l’élection de Laurent Wauquiez à la tête des Républicai­ns provoque son premier dégât collatéral. On avait beau s’y attendre, la secousse est sérieuse: Xavier Bertrand a franchi le pas plus vite que prévu. Hier soir sur le plateau du 20 heures de France 2, le président des Hauts-de-France a annoncé son départ définitif des Républicai­ns. « Je ne reconnais plus ma famille politique, alors j’ai décidé de la quitter », a-til indiqué, dénonçant les «dérives» de LR. L’intéressé n’a toujours pas digéré, notamment, que Laurent Wauquiez n’ait pas explicitem­ent appelé à voter Macron au second tour de la présidenti­elle. « Je n’ai pas l’intention de rejoindre un autre parti politique ou de créer un parti politique, a cependant précisé Xavier Bertrand. Mon parti, c’est désormais ma Région. » La perte pour LR vaut son pesant de symbole : l’ancien ministre du Travail faisait partie des meubles. Il avait adhéré au RPR en 1981, à l’âge de seize ans.

Fuite des cerveaux?

Éviter la fuite des modérés, stopper la cure d’amaigrisse­ment d’un parti qui n’en finit plus de se ratatiner, tel est bien aujourd’hui le premier et impérieux défi de Laurent Wauquiez, avant même de songer à constituer une opposition crédible au gouverneme­nt. Lui-même invité du 20 h de TF1, le nouveau patron de LR a pris acte hier soir du choix de Xavier Bertrand. « Il considère qu’il n’a plus sa place chez nous, c’est sa décision, je la respecte et j’avance. Je ne vais pas regarder dans le rétroviseu­r. » Et d’ajouter qu’il veut « réoffrir aux Français un choix politique. On a pu les décevoir, ce que je veux c’est réaffirmer les valeurs de la droite ». Pour le président de RhôneAlpes-Auvergne, les jours qui viennent s’annoncent cependant décisifs. Sous l’oeil attentif des juppéistes, il doit à tout prix opérer un semblant de rassemblem­ent pour éviter une hémorragie plus importante. Les départs potentiels sont en effet nombreux dans la galaxie tempérée du parti, à commencer par ceux de Valérie Pécresse et Christian Estrosi. Même si le maire de Nice a annoncé voici une dizaine de jours ne vouloir prendre aucune décision avant l’été et si Laurent Wauquiez a, par ailleurs, proposé à la présidente d’Ile-de-France la direction du Conseil national, le «parlement» du parti, sans réponse pour l’instant. Ce mardi, le nouveau patron des Républicai­ns rencontrer­a ses deux adversaire­s malheureux, ainsi que Gérard Larcher, le président du Sénat, qui l’exhorte «à rassembler toutes les sensibilit­és du parti autour d’un projet ».

La bourde de Calmels

Alors que le nouveau mouvement Agir, la droite constructi­ve, a sèchement coupé les ponts avec lui dès dimanche soir par la voix de Frédéric Lefebvre, Laurent Wauquiez ne dispose guère dans sa manche que de deux atouts pour adoucir son image et convaincre de sa bonne volonté fédératric­e : la Bordelaise Virginie Calmels, appelée à devenir sa vice-présidente, qui porte en étendard son hostilité au Front national, malgré une bourde bien malvenue dimanche, qui a fait les gorges chaudes des réseaux sociaux (1). Et Jean Leonetti, ex-juppéiste, parangon de modération et soutien centriste du nouveau chef, qui veut croire que ce dernier saura incarner une droite à la fois ferme et ouverte. Mais le credo du maire d’Antibes s’avère encore peu partagé au centre, pour l’instant. 1. «Pour le moment, nous la refusons», at-elle déclaré à propos d’une alliance avec le FN. Elle a expliqué par la suite avoir fait preuve d’une maladresse verbale, jurant son hostilité de toujours au FN.

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AFP) Xavier Bertrand et LR, c’est fini, après trente-six ans de compagnonn­age depuis son adhésion au RPR.(Photo

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