Vers une commission d’élus et de citoyens pour le port?
Mart (pour Mouvement d’action pour la rade de Toulon) a tenu, ce mardi, son assemblée générale. Son président a proposé la création d’une commission dédiée, que les autorités pourraient approuver
Ils ont les fumées dégagées par les ferries et autres paquebots dans le pif. Et, abandon du quai de quatre cents mètres et nouveau projet du côté du site militaire du Mourillon ou pas (nos éditions des 5 et 6 décembre, lire par ailleurs), les membres de la fédération Mart (Mouvement d’action pour la rade de Toulon) continuent de le faire savoir. Désormais, avec d’autres associations toulonnaises et seynoises, Mart et son président Jean Écochard réclament d’être associés à la réflexion autour de l’aménagement de la rade, via la création d’une commission dédiée au port.
« Impact réel »
Mardi, salle Frank-Arnal, lors de l’assemblée générale et après avoir rapidement évacué la partie statutaire de la réunion, le président de l’association revient sur les questions de pollution atmosphérique liées au trafic dans le port de Toulon - La Seyne. Devant une soixantaine de personnes, dont Gilles Vincent, maire de Saint-Mandrier et vice-président de Toulon Provence
Méditerranée délégué à l’environnement, Jean Écochard évoque le dioxyde d’azote et les particules fines émis par les bateaux qui vont et viennent dans la rade. « L’impact sur la santé est réel et important : la commission européenne recense 58000 décès prématurés annuels
dans les ports européens. »
Question de responsabilités
Le président refait également l’historique des alertes lancées aux pouvoirs publics. «C’est un problème qu’on soulève depuis des années », a-t-il résumé. De courriers à Robert Cavanna, président de Port Toulon Provence Méditerranée ou au maire Hubert Falco, en lettres ouvertes à l’ensemble des pouvoirs publics, Mart n’a en effet cessé de pointer les nuisances occasionnées. Tout en se voulant constructif sur les solutions possibles et parfois mises en place dans d’autres ports: électrification des quais, gaz naturel liquide ou encore scrubber (nettoyeurs de fumée). «Il y a un problème de responsabilité au niveau local », souligne Jean Écochard, avant de mettre le doigt sur celles de l’État : « Le Plan de protection de l’atmosphère établi par la Dréal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, Ndlr) ne tient pas compte des ports civils!» Celui-ci doit donc être réécrit pour mars prochain. «Comme celle qui s’est réunie pour la première fois la semaine dernière à Nice, nous demandons qu’une commission locale de proximité et d’environnement pour le port, regroupant élus, autorité portuaire et associations représentant les habitants», annonce le président de Mart, attirant l’attention de Gilles Vincent. « Je suis favorable à une telle commission, déclare celui-ci : c’est dans la lignée de ce que nous faisons avec le contrat de baie de la rade de Toulon.» Et Jean Écochard de se réjouir: « On pourra donc avoir ce comité ! »
Électricité dans l’air
S’il admet la pollution engendrée par ferries, paquebots et rouliers, tout en la minimisant par rapport à celle des ports voisins de Nice, Marseille ou Fos-sur-Mer, Gilles Vincent assure l’assemblée de« la ferme volonté »de TPM de faire évoluer la situation. «Ces bateaux doivent changer de fioul lorsqu’ils sont en approche. Or, on sait qu’ils ne le font pas. Nous avons donc dit au préfet qu’il fallait mettre une vigilance sur cette question. » Sans la rejeter, il s’interroge sur la solution électrique, soulignant que « les bateaux ne sont pas tous équipés ». L’élu indique toutefois que le Plan climat-air-énergie territorial prévoit bien que les navires soient dotés de systèmes adéquats. Dans la salle, les déclarations d’intention ne convainquent pas forcément. « Pour le précédent projet, personne ne nous a contactés», lance, courroucé, Jean Ricard, président du conseil syndical de La Goélette. Seuls les actes pourront maintenant rétablir la confiance de riverains qui, jusqu’ici, se sont sentis ignorés.