Trafic de stupéfiants : un «fusible» jugé hier
Du point de vue de l’accusation, tous les ingrédients d’un important trafic de stupéfiants accablent Mohamed B., jugé hier selon le mode de la comparution immédiate. Le jeune homme a été contrôlé inopinément alors qu’il circulait sur l’avenue Edouard-Herriot, à l’ouest de Toulon. Une voiture de location pour transporter la drogue, plusieurs smartphones en possession du prévenu, plus de 3,5 kg de résine de cannabis et 24 grammes de cocaïne saisis et plus de 23 000 euros d’espèces découverts dans une autre voiture, la semaine dernière (nos éditions du 28 novembre)... Et le procureur Ahmed Chafai de requérir un minimum de trois ans de prison ferme, avec maintien en détention et confiscation de son véhicule, à l’encontre de cet habitant du Pont-du-Las. « On ne saura pas qui sont les commanditaires, peutêtre sont-ils dans la salle ! »
« J’ai fait une erreur »
De quoi expliquer le mutisme de Mohamed B., 25 ans, quand on lui demande des noms. « On m’a proposé de ramener la marchandise d’un point A à un point B », se bornet-il à expliquer. Quant à l’argent, il l’aurait conservé pour le compte d’un autre. « J’ai fait une erreur », reconnaît-il devant Audrey Tranouez, présidente du tribunal qui le corrige : « Ce sont des délits .» « Il n’est pas poursuivi comme trafiquant, mais comme celui qui transporte », a recadré Me Christophe Hernandez, au secours de Mohamed B. « Il n’a pas de train de vie, on ne retrouve ni stupéfiants, ni argent lors de la perquisition de sa chambre au domicile familial, il n’a pas loué la voiture sous un faux nom, il se débarrasse du produit de façon grossière (il a jeté les kilos de résine de cannabis par la fenêtre devant les policiers, Ndlr) : il n’a pas réagi comme un délinquant chevronné, il a paniqué .»
Une dette de stups et de jeu
L’avocat toulonnais n’a pas manqué non plus d’insister sur le profil de son client, issu d’une famille « parfaitement insérée » et titulaire d’un CDI (1 400 euros de revenus mensuels) dans un groupe d’hôtellerie-restauration haut de gamme. « Ses ambitions professionnelles sont ce qui le maintient, la problématique c’est son addiction. » Le jeune homme aurait « dérapé » pour régler une dette de stups et de jeu dont il n’a pas souhaité révéler le montant devant les enquêteurs de la sûreté départementale de Toulon (de même qu’à la barre du tribunal hier).
Pas de maintien en détention
Un portrait éloigné de celui du « gros bonnet » présenté par le ministère public. Selon son défenseur, Mohamed B. serait plutôt « un fusible, de la chair à canon ». Mohamed B. a finalement été condamné à dix-huit mois de prison. Le tribunal n’a pas délivré de mandat de dépôt. Une peine complétée par la confiscation de la Polo Volkswagen du jeune homme et une amende de 5 000 euros. Les 23 000 euros placés sous scellés seront par ailleurs reversés au budget de la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA). Le parquet a dix jours pour faire appel.