Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Trafic de stupéfiant­s : un «fusible» jugé hier

- ERIC MARMOTTANS emarmottan­s@nicematin.fr

Du point de vue de l’accusation, tous les ingrédient­s d’un important trafic de stupéfiant­s accablent Mohamed B., jugé hier selon le mode de la comparutio­n immédiate. Le jeune homme a été contrôlé inopinémen­t alors qu’il circulait sur l’avenue Edouard-Herriot, à l’ouest de Toulon. Une voiture de location pour transporte­r la drogue, plusieurs smartphone­s en possession du prévenu, plus de 3,5 kg de résine de cannabis et 24 grammes de cocaïne saisis et plus de 23 000 euros d’espèces découverts dans une autre voiture, la semaine dernière (nos éditions du 28 novembre)... Et le procureur Ahmed Chafai de requérir un minimum de trois ans de prison ferme, avec maintien en détention et confiscati­on de son véhicule, à l’encontre de cet habitant du Pont-du-Las. « On ne saura pas qui sont les commandita­ires, peutêtre sont-ils dans la salle ! »

« J’ai fait une erreur »

De quoi expliquer le mutisme de Mohamed B., 25 ans, quand on lui demande des noms. « On m’a proposé de ramener la marchandis­e d’un point A à un point B », se bornet-il à expliquer. Quant à l’argent, il l’aurait conservé pour le compte d’un autre. « J’ai fait une erreur », reconnaît-il devant Audrey Tranouez, présidente du tribunal qui le corrige : « Ce sont des délits .» « Il n’est pas poursuivi comme trafiquant, mais comme celui qui transporte », a recadré Me Christophe Hernandez, au secours de Mohamed B. « Il n’a pas de train de vie, on ne retrouve ni stupéfiant­s, ni argent lors de la perquisiti­on de sa chambre au domicile familial, il n’a pas loué la voiture sous un faux nom, il se débarrasse du produit de façon grossière (il a jeté les kilos de résine de cannabis par la fenêtre devant les policiers, Ndlr) : il n’a pas réagi comme un délinquant chevronné, il a paniqué .»

Une dette de stups et de jeu

L’avocat toulonnais n’a pas manqué non plus d’insister sur le profil de son client, issu d’une famille « parfaiteme­nt insérée » et titulaire d’un CDI (1 400 euros de revenus mensuels) dans un groupe d’hôtellerie-restaurati­on haut de gamme. « Ses ambitions profession­nelles sont ce qui le maintient, la problémati­que c’est son addiction. » Le jeune homme aurait « dérapé » pour régler une dette de stups et de jeu dont il n’a pas souhaité révéler le montant devant les enquêteurs de la sûreté départemen­tale de Toulon (de même qu’à la barre du tribunal hier).

Pas de maintien en détention

Un portrait éloigné de celui du « gros bonnet » présenté par le ministère public. Selon son défenseur, Mohamed B. serait plutôt « un fusible, de la chair à canon ». Mohamed B. a finalement été condamné à dix-huit mois de prison. Le tribunal n’a pas délivré de mandat de dépôt. Une peine complétée par la confiscati­on de la Polo Volkswagen du jeune homme et une amende de 5 000 euros. Les 23 000 euros placés sous scellés seront par ailleurs reversés au budget de la mission interminis­térielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA). Le parquet a dix jours pour faire appel.

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