Isabelle Mignucci: «La protection civile est consensuelle»
Invitée par la FMES, cette responsable de la communication du centre de coordination de la réaction d’urgence de l’Union européenne met en évidence la réelle capacité de l’Europe à gérer les crises
S’il est un sujet sur lequel les pays de l’Union européenne s’accordent, c’est bien la gestion des catastrophes naturelles et des crises humanitaires. Chargée de communication et d’information au centre de coordination et de réaction d’urgence de la Commission européenne, Isabelle Mignucci s’attachera à présenter les rouages et enjeux de la protection civile européenne à l’occasion d’une conférence programmée ce soir à 18 h 30 à la Maison du numérique et de l’innovation à Toulon.
On pointe souvent les difficultés de l’Europe à adopter des décisions communes. Les choses seraient donc différentes en matière de protection civile ?
La protection civile européenne est en effet relativement consensuelle. Elle repose sur la solidarité entre les états qui participent de façon volontaire au système. Dans ce domaine, l’Union européenne (UE) apporte régulièrement son soutien aux états membres qui en font la demande, en complément aux actions nationales. Ça ne s’est peut-être pas su, mais lors des feux de forêts de l’été dernier, le mécanisme européen de protection civile, créé en et qui regroupe les états membres de l’UE plus pays extracommunautaires, a été activé par la France et a permis de coordonner l’envoi d’assistance, en l’occurrence des moyens aériens mis à disposition par l’Italie. Plus récemment, en septembre, lors du passage des cyclones aux Antilles, Copernicus, programme de cartographie satellitaire européen, a permis une analyse précise des dommages et donc aidé à rendre plus efficace les réponses d’urgence.
En novembre, la Commission européenne devait présenter le plan rescEU. S’il est adopté, que faut-il en attendre ?
Le plan a effectivement été présenté le novembre. Le conseil de l’UE et le Parlement européen doivent maintenant débattre de cette nouvelle proposition à partir de début . L’idée est que l’Europe apporte des capacités supplémentaires et complémentaires à celles dont sont déjà dotés les états membres. Ces capacités européennes, gérées par la Commission européenne, concerneraient en particulier la lutte contre les feux de forêts, les inondations, la recherche et le sauvetage en milieu urbain après un tremblement de terre, ou encore le domaine médical (hôpitaux de campagne en cas d’épidémie ou d’attaque terroriste par exemple). C’est une vraie valeur ajoutée qui serait ainsi apportée au continent européen pour une réponse d’urgence plus efficace et ambitieuse.
C’est une nécessité ? Les états membres seraient prêts à payer pour des équipements dont ils disposent déjà ?
On s’est aperçu l’été dernier, alors que le risque d’incendie était simultanément très élevé dans plusieurs pays européens, que les états membres n’étaient pas en capacité de soutenir un pays en situation de détresse. C’est donc pour parer à ce genre de situation exceptionnelle que l’UE propose de se doter de moyens complémentaires dont elle garderait entièrement le contrôle. Quant au coût (on parle de millions d’euros sur la période -, ndlr), pour un pays frappé par une catastrophe naturelle, bénéficier de telles capacités mutualisées peut s’avérer très intéressant et plus économique que si chaque pays achetait ses propres capacités.
Les effets du réchauffement climatique ont-ils joué un rôle dans la décision de l’UE de se doter de capacités opérationnelles propres ?
Oui, avec la répétition des inondations, des feux de forêts, des catastrophes responsables de préjudices économiques et humains énormes, l’UE a pris conscience de l’importance de se préparer et de se coordonner au mieux à des crises de plus en plus intenses.