Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Peine confirmée en appel pour les «papys passeurs» de la Roya

Les quatre retraités arrêtés alors qu’ils transporta­ient des migrants ont de nouveau été condamné à une peine symbolique. Ils vont se pourvoir en cassation

- E.G.

Le ministère public avait entamé ses réquisitio­ns en les qualifiant de « braves gens ». Ce qui n’avait pas empêché le parquet général de réclamer leur condamnati­on pour « transport de personnes en situation irrégulièr­e ». Le 6 janvier dernier, Françoise, Daniel, René et Gérard, quatre retraités azuréens, avaient été arrêtés par les gendarmes alors qu’ils transporta­ient à bord de leurs véhicules des migrants sans papiers. Ces faits avaient valu, en première instance devant le tribunal correction­nel de Nice, aux quatre « papys et mamie passeurs », d’être condamnés. A une peine certes « symbolique » de 800 euros d’amende avec sursis. Sanction confirmée hier en appel à Aix. L’affaire risque toutefois de ne pas en rester là. Les quatre prévenus, qui déclarent avoir été guidés par des motifs purement humanitair­es, n’acceptent pas leur condamnati­on. Ils ont annoncé leur intention de se pourvoir en cassation.

Immunité pénale invoquée

Me Maeva Binimélis, leur avocate, en fait une question de principe : « Peu importe le quantum de la sanction, c’est en fait contre la reconnaiss­ance même de culpabilit­é que nous nous battons. Nous partons du principe que le transport est un préalable nécessaire à l’hébergemen­t. Nous sommes donc en droit d’être couverts par l’immunité pénale inscrite dans la loi. » Le législateu­r a en effet aboli ce que l’on a appelé le délit de solidarité. Il protège en principe ceux qui viennent en aide à des réfugiés pour des raisons humanitair­es et les distingue des passeurs qui font commerce d’êtres humains. Cela vaut pour ceux qui « hébergent, dispensent des soins, recueillen­t », note René Dahon, 70 ans, l’un des quatre papys passeurs condamnés qui se demande comment «on pourrait ne pas intégrer aussi le transport , surtout dans nos montagnes » .Le 6 janvier dernier, s’il s’est mis en défaut visà-vis de la loi, c’est précisémen­t parce que «toute une famille de jeunes Érythréens avait entrepris de rejoindre Nice par un col à mille mètres d’altitude alors qu’il faisait 7°C».

« Pouvoir dormir sereinemen­t »

« comme On ne peut ça au pas péril laisser de leur marcher vie », les estime gens René Dahon qui, avec ses amis – « des braves gens assurément » – est parti les chercher pour les mettre à l’abri dans une autre vallée. « On a été dénoncée par une randonneus­e et les gendarmes nous ont arrêtés », résume-t-il. Même s’il ne regrette rien. Parce qu’il a agi « avant tout pour des raisons humanitair­es ». Même si, « bien sûr », il a aussi « des conviction­s politiques ». Pour autant, ce retraité l’assure, ce ne sont elles qui l’ont guidé ce jour-là : « Je veux juste pouvoir m’endormir sereinemen­t le soir et me raser sans avoir à me détester en me regardant dans la glace. »

 ?? (Photo AFP) ?? Deux des «papys et mamie passeurs» de la Roya, avec leur avocate Me Binimélis, hier à la cour d’Appel d’Aix.
(Photo AFP) Deux des «papys et mamie passeurs» de la Roya, avec leur avocate Me Binimélis, hier à la cour d’Appel d’Aix.

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