Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Secret judiciaire: l’ex-garde des Sceaux Urvoas mis en cause

- THIERRY PRUDHON

Garde des Sceaux jusqu’en mai, le socialiste Jean-Jacques , est dans le viseur de la justice: il est soupçonné d’avoir transmis au député Thierry Solère, ex-LR qui a récemment rejoint LREM, des informatio­ns sur une enquête pour fraude fiscale le concernant. Ces soupçons relancent le débat récurrent sur l’indépendan­ce du parquet, quelques jours après une décision du Conseil constituti­onnel sur le sujet. Hier, l’Union syndicale des magistrats et le Syndicat de la magistratu­re ont à nouveau appelé à une « réforme constituti­onnelle » pour assurer l’indépendan­ce du parquet, tout comme l’associatio­n Anticor, qui demande aussi le renvoi de l’ex-ministre devant la Cour de justice de la République.

Synthèse signée « amitiés, Jean-Jacques Urvoas »

Selon le Canard enchaîné paru hier, Jean-Jacques Urvoas, alors au gouverneme­nt, a envoyé une note de la Direction des affaires criminelle­s et des grâces (DACG) à son « ami » le député ex-LR Thierry Solère, sur une enquête le concernant. Cette synthèse, signée « Amitiés, JeanJacque­s Urvoas », aurait été sollicitée par ce dernier, comme le lui permettait son autorité de ministre de la Justice, puis transmise par messagerie cryptée au député entre les deux tours de la présidenti­elle, selon l’hebdomadai­re. Depuis le 6 septembre 2016, M. Solère, qui a récemment rejoint les rangs de LREM, est en effet visé par une enquête préliminai­re pour « fraude fiscale, blanchimen­t, corruption, trafic d’influence et recel d’abus de biens sociaux ». C’est dans ce cadre qu’une perquisiti­on a été menée le 29 juin à son domicile, mettant au jour des « éléments susceptibl­es d’engager la responsabi­lité pénale » de M. Urvoas, a confirmé la procureure de Nanterre. « Ces éléments ont fait l’objet de procès-verbaux distincts que le procureur de la République de Nanterre a transmis le 5 décembre 2017 au procureur général près la Cour de cassation pour y donner la suite qu’il lui appartiend­ra» , a ajouté la magistrate. Sollicité, M. Urvoas n’avait pas pu être joint hier après-midi. Les avocats de M. Solère, Pierre-Olivier Sur et Mathias Chichporti­ch, n’ont pas souhaité réagir.

La Cour de Justice de la République saisie

Ils ont déclaré au Canard enchaîné que le ministre avait « adressé » au député « un message qui, de façon neutre et objective, confirmait l’existence du contenu de l’enquête en cours, d’ores et déjà rendue publique, sans se prononcer sur les suites qui en seraient données ». Les faits reprochés à M. Urvoas s’étant déroulés dans l’exercice de ses fonctions de ministre, la Cour de Justice de la République, habilitée à juger les membres du gouverneme­nt, a été saisie. Ces révélation­s intervienn­ent quelques jours après une décision marquante sur l’indépendan­ce du parquet : le Conseil constituti­onnel a jugé vendredi « conforme à la Constituti­on » le texte qui définit la subordinat­ion du parquet au garde des Sceaux. Une réforme du statut des procureurs est depuis longtemps évoquée, mais n’a jamais pu aboutir. Même si le garde des Sceaux ne peut plus donner d’instructio­ns dans les affaires individuel­les, la « remontée d’informatio­ns » vers la Chanceller­ie dans ce type de dossier est régulièrem­ent pointée du doigt. « Nous ne devons plus chercher la réussite agricole par l’investisse­ment massif dans la technologi­e, le matériel, les engrais et les phytosanit­aires. Il faut, au contraire, s’adapter à son milieu, le posséder pour en tirer le meilleur, avec le moins possible d’appel à l’extérieur. » Ministre de l’Agricultur­e durant tout le quinquenna­t Hollande, Stéphane Le Foll, petit-fils de paysan breton et lui-même titulaire d’un BTS agricole, retrace dans La première graine son action ministérie­lle, guidée par la volonté de « poser les termes de la modernité des cultivateu­rs ». Redonner ses lettres de noblesse au travail de la terre, l’inscrire dans un temps long et réfléchi, Stéphane Le Foll s’est efforcé d’y concourir à travers une loi de  fixant le cap de l’agro-écologie. Une mutation, à rebours de la mécanisati­on et de la chimie à outrance, destinée à « réintégrer les mécanismes naturels comme des éléments de la performanc­e de la production agricole ». Celui qui est aujourd’hui redevenu député de la Sarthe évoque joliment les vers de terre, ces forçats qui, en construisa­nt leurs galeries, remuent et oxygènent les sols, remplaçant avantageus­ement tracteurs et charrues pour fertiliser les champs. « On peut être productif en utilisant les mécanismes naturels et être en plus créateur de richesse biologique », souligne-t-il, appelant également au développem­ent de l’énergie solaire. « La nature a été oubliée comme partenaire de la production agricole. La photosynth­èse est un processus productif et le soleil la première des énergies à privilégie­r ». Sa loi d’avenir pour l’agricultur­e du  octobre  a concrétisé son credo agro-écologique « d’une performanc­e à la fois économique, environnem­entale et sociale des exploitati­ons ». Depuis sa promulgati­on, près de trois cents Groupement­s d’intérêt économique et environnem­ental ont ainsi été créés dans le pays. « Nous devons tout mettre en oeuvre pour innover dans des techniques plus respectueu­ses de l’environnem­ent. Nous devons penser aux génération­s futures, tout en confortant la compétitiv­ité de notre agricultur­e. C’est possible grâce aux efforts de la recherche », insiste Stéphane Le Foll. Il cite en exemple la filière de la banane durable aux Antilles, qui a supprimé l’usage de pesticides nocifs, tout en valorisant son fruit. L’ancien ministre se félicite par ailleurs d’avoir inscrit l’agricultur­e au coeur de la lutte contre le réchauffem­ent climatique en lançant, lors de la COP  à Paris, l’initiative «  pour   ». Elle consiste à augmenter de , % par an le stock de carbone dans les sols, ce qui doit permettre de stopper l’augmentati­on de la concentrat­ion de CO dans l’atmosphère. S La première graine de Stéphane Le Foll, Calmann-Lévy, 175 pages, 17 euros.

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(Photo AFP) (Photo AFP) (Photo AFP) Jean-Jacques Urvoas, à l’époque ministre du gouverneme­nt Holande. La centrale EDF de Tricastin.

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