Plus performante qu’imaginé
Régulièrement décriée, la mêlée toulonnaise est bien plus solide qu’on ne le croit. Un tiers des essais rouge et noir sont partis de cette rampe de lancement
Que ce soit à l’époque d’Olivier Azam, de Jacques Delmas plus près de nous ou encore aujourd’hui de Fabrice Landreau, les entraîneurs des avants toulonnais ont souvent été dans la ligne de mire de leur président. Les supporters du cru, tombés et bercés dans la culture toulonno-toulonnaise, scrutent depuis toujours le secteur de la conquête. Marc Dal Maso, spécialiste de la mêlée au RCT, n’est pas très prolixe sur le sujet. Il préfère observer, travailler et parfaire avec ses joueurs les liaisons, peaufiner leurs positions du dos, corriger le sens de la poussée, répéter les commandements, évaluer les forces en présence avec le souci du détail. Voilà pourquoi, aussi, ce technicien méticuleux, demandé par Eddy Jones – entraîneur du Japon lors de la dernière coupe du monde et aujourd’hui de l’Angleterre –, se montre particulièrement sensible sur le sujet.
Un bilan mitigé et paradoxal
Samedi soir, malgré la victoire des Toulonnais face à Bath, l’ancien talonneur tricolore pestait. Rageur, il lâchait : « On ne se fera pas avoir au match retour. » À chaud, il n’avait visiblement pas digéré que sa mêlée ait été sanctionnée à quatre reprises,
dont une fois sur introduction des siens. Après le visionnage de la rencontre, son jugement était plus nuancé. « C’est sur des lancements à la mêlée qu’on a inscrit des essais contre Bath. Voilà pourquoi le bilan est paradoxal », confiait-il sans être plus précis. Les chiffres, en revanche, parlent à sa place. Un tiers
des essais marqués par le RCT depuis le début de la saison l’ont été à partir de la mêlée, avons-nous pu relever. Par ailleurs, sur les 45 essais inscrits à ce jour (38 en Top 14 et 7 en Champions Cup), neuf – dont deux de pénalité – ont été signés par les avants. Pour ce match retour contre les Anglais, les Varois devront
se montrer plus précis et peut-être moins gourmands sur les mêlées adverses. Gêner la sortie du ballon plutôt que vouloir le gagner pourrait permettre au RCT de se mettre à l’abri du corps arbitral plus tatillon en coupe d’Europe que dans le Top 14. Véritable plate-forme de lancement, c’est à partir de la
mêlée que les espaces se créent. Dans le rugby, tout par de là. Si on est bon en mêlée, on peut gagner. Si on ne l’est pas, la victoire reste hypothétique. Voilà pourquoi, samedi, tous liés, les Toulonnais devront bien rester et pousser dans l’axe.