Procès Lambin à Nice: «La tête de Marcel était dans la cocotte»
Michel Lambin garde le plus souvent les yeux fermés dans le box des accusés, comme pour feindre l’indifférence à l’évocation de ces vieux dossiers criminels où son nom apparaît avec une inquiétante régularité. Sa comparution pour l’assassinat de Robert Ludi, un gardien d’école en 2002 à Antibes, est l’occasion pour la cour d’assises d’exhumer des meurtres et des disparitions datant parfois des années 80.
« Des horreurs pareilles, ça semblait incroyable »
Un exercice d’archéologie judiciaire rendu possible grâce aux révélations de Nicole Rossi, l’ex-compagne de Michel Lambin. Au procès du meurtre de JeanYves Guerrée (le seul à ce jour pour lequel Lambin a été condamné), elle avait laissé entendre que ce meurtre avait «un air de déjà-vu ». Le commandant Pierre Batty, chef de la brigade criminelle de la police judiciaire (PJ) de Nice, l’avait interrogée dans la foulée. Elle décrit alors sa vie avec ce qu’elle appelle « un tueur en série »:« Des horreurs pareilles, ça semblait incroyable, explique le chef de la Crim de la police judiciaire de Nice. Et encore, je n’ai noté que les crimes pouvant être identifiés », précise le policier. Pierre Batty évoque la mort de Michel Tasselli, un truand cannois tué le 21 janvier 1983 dans sa voiture au Cannet-Rocheville. «Il avait traité Michel Lambin de zonard, selon Nicole Rossi. » Il y a le décès suspect de Walter Barbay, le 23 décembre 1983 à Antibes. « Comment Michel Lambin pouvaitil savoir que la victime, fétichiste, avait une culotte de femme dans sa poche ? », s’interroge Pierre Batty. Malgré la prescription qui frappe la plupart de ces crimes, l’Office central de répression des violences aux personnes a donné un coup de main, recherché des coupures de presse à la Bibliothèque nationale et retrouvé des témoins. Notamment Alain, laveur de vitres, visiblement mal à l’aise devant les jurés niçois. Visage rubicond, il bafouille, invoque des trous de mémoire : «C’est eux deux (Nicole Rossi et Michel Lambin) qui sont venus me chercher pour transporter Marcel ».
Mort pour une dette de poker
Marcel Guendouz, de nationalité marocaine, aurait été tué et émasculé le 13 juillet 1983 entre Paris et Meaux pour avoir dénoncé Lambin. Alain a confirmé au policier que, dans son appartement parisien du XVe arrondissement, «Michel a ramené la tête et nous a demandé de la faire cuire dans une cocotte ». Il est moins précis au procès. L’avocat général Valli lui rafraîchit la mémoire et lui lit ses déclarations : « J’ai déposé, dites-vous, une liste de personnes tuées par Lambin devant notaire. » Mal à l’aise, il se défend : « J’ai jamais mis les noms. » Un prétexte pour couper les ponts avec les Lambin. La PJ retrouve également la trace du meurtre « d’un gros garagiste spécialisé dans les Mini », évoqué par Nicole Rossi. Il s‘agit de Christian Lepage, tué le 18 octobre 1983 à Champigny-surMarne. La victime avait contracté, en détention, une dette de poker envers Lambin. Jean-Jacques Villey, ami du garagiste, a été tué onze jours plus tard dans les mêmes conditions. Le pilote de la moto sur laquelle était juché le tueur a confirmé les dénonciations de Nicole Rossi. Un voisin de Caussols, Denis, vient expliquer que Lambin avait la gâchette facile. Il lui a tiré dessus après un différend banal. Le procès de Michel Lambin pourrait se terminer mercredi prochain. Mais pas forcément ses ennuis avec la justice. Deux malfaiteurs, Leca et Errachdi, ont disparu à Caussols en 2001. Leur famille lui réclame des comptes.