COMMOTIONS CÉRÉBRALES «Ne pas faire le procès du rugby»
Trois professeurs toulonnais siègent dans (1) les plus grandes instances médicales fédérales et internationales : «Il faut une prise de conscience collective des parents, des éducateurs et des dirigeants. Une entorse, tout le monde la voit. Mais le choc à la tête reste invisible ». «C’est parce qu’on s’en occupe, par de la prévention et de l’accompagnement du joueur, que l’on met le doigt sur le problème avec des évaluations chiffrées. On ne peut pas faire un procès à charge du rugby alors que tout est mis en oeuvre pour prendre soin des joueurs, des amateurs aux pros », prévient le professeur José Gadéa.
« Les joueurs ont été suivis »
Il poursuit: «Dans ce sport de combat, il y a toujours eu des commotions, avec des différences entre les pros et les amateurs. La fédération anticipe en imposant des règles de jeu différentes suivant les catégories d’âge et de niveau. On ne pousse pas la José Gadéa et Arnaud Dagain sont partie prenante dans le traitement des commotions cérébrales dans le rugby.
mêlée de la même façon en Honneur qu’en Top14. Ce n’est pas parce qu’on a eu une commotion cérébrale qu’on risque sa vie, et pour
son intégrité neurologique ». Le professeur Arnaud Dagain dirige actuellement une thèse de médecine générale sur ce thème dans le milieu amateur : «Les joueurs suspectés de commotions cérébrales en 2016-2017 ont été suivis pour savoir ce qui se passait après : y a-t-il un suivi par le médecin traitant? Un spécialiste? Respecte-t-il la période de repos et la reprise
par palier (lire par ailleurs) ? Je fais une consultation dédiée pour les amateurs qui ont une suspicion, par des tests neuropsychologiques et moteur, car le scanner et l’IRM cérébrale sont normaux. Je donne des conseils de reprise de jeu. Je suis en train de créer un chemin clinique pour les amateurs qui ont une suspicion clinique. »
Des étapes avant de reprendre
Pour traiter la commotion, il faut du repos et une reprise par paliers. Pour les moins de ans, la période de repos est de semaines, car ils mettent plus de temps à récupérer. Bien entendu, si le joueur présente des commotions répétées, l’arrêt sera plus long, pouvant aller jusqu’à mois dans certains cas. De plus, dans les catégories Fédérale et Espoirs, la FFR teste le protocole carton bleu. L’arbitre sort le joueur lors de toute suspicion de commotion. La reprise se fera après consultation médicale. Et, dans tous les cas, après avoir respecté les étapes progressives de retour au jeu : période de repos, exercices aérobics modérés (course à pieds, natation, vélo), exercices spécifiques du rugby sans contact, entraînement sans contact, entraînement normal avec contact, puis reprise du jeu.
1. Arnaud Dagain (professeur agrégé du Val de Grâce, consultant national de neurochirurgie pour les armées, HIA SainteAnne Toulon, référent national chez les amateurs à la commission « commotions cérébrales » et à celle de la World Rugby), José Gadéa (professeur à la clinique SaintRoch, référent FFR du grand Sud-Est et président de la commission médicale de la ligue Paca) et Denis Guttierez (un des responsables de la commission médicale amateurs à la FFR).