Une Afrique ensorcelée
I AM NOT A WITCH L’histoire
Shula (Maggie Mulubwa), 9 ans, est accusée de sorcellerie par les habitants de son village et envoyée dans un camp de sorcières. Entourée de femmes bienveillantes, condamnées comme elle par la superstition des hommes, la fillette se croit frappée d’un sortilège : si elle s’enfuit, elle sera maudite et se transformera en chèvre...
Notre avis
Drôle, grave et féministe. Un trio majeur difficile à associer mais qui définit pourtant le premier long-métrage de la Zambienne Rungano Nyoni. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs cannoise, l’objet envoûte par ses partis pris radicaux et le regard de la petite Maggie Mulubwa, peu bavarde mais observatrice de la politique d’un gouvernement fermement décidé à faire taire les prétendues sorcières, les tenant en laisse dans une plaine désertique. De là à voir la représentation des puissants qui cultivent la peur et contrôlent malgré leurs dires, la liberté d’expression, il n’y a qu’un pas… La cinéaste fait preuve de malice et n’hésite pas à dérouter l’assistance par son approche à la fois sauvage et moderne de la société. Sans doute moins subtile que le Timbuktu d’Abderrahmane Sissako, la variation n’en reste pas moins féroce et n’oublie pas d’égratigner la soi-disant bien-pensance d’un peuple endormi, rendu crédule et désormais dénonciateur devant la moindre mauvaise rumeur. Mieux, IAmNot A Witch trouve une forme logique dans sa succession de saynètes, bigrement bien pensées et agencées… jusqu’à un final assez inattendu qui entretient le mystère. Quoi de plus logique au fond, lorsqu’on évoque les sorcières ?