Les entreprises plus proches des quartiers
Mise en place il y a quatre ans par l’Etat, la charte Entreprises et quartiers vise à mettre en lien deux mondes qui ont tendance à se fuir. Une réussite qui met à mal les préjugés et les a priori
Adepte de la formule choc, Jacques Attali, fondateur de PlaNet Finance, avait annoncé il y a une dizaine d’années vouloir découvrir le nouveau Bill Gates dans les banlieues françaises. Depuis, l’idée a fait son bonhomme de chemin. Sans forcément afficher la même ambition que l’ancien conseiller particulier de François Mitterrand, la charte Entreprises et quartiers, lancée il y a quatre ans par le ministre de la Ville de l’époque, propose de mettre en relation les quartiers prioritaires et les entreprises. Deux mondes qui, à cause d’a priori de part et d’autre, s’ignoraient trop souvent jusque-là. Quatre ans après son lancement, quatre-vingt-six entreprises varoises ont signé ladite charte. Parmi le dernier millésime, révélé le 12 décembre dernier lors d’une cérémonie organisée à la préfecture du Var, on trouve les transports Ducournau, Charlemagne, la grande surface E. Leclerc de La Seyne, ou encore RH2C, un cabinet conseil en ressources humaines.
Statistiques encourageantes
Quatre-vingt-six signataires. Ce chiffre peut paraître décevant. Pas aux yeux d’Astrid Jeffrault. « Tant par le volume, que par la diversité des entreprises, où les TPE-PME côtoient les grandes entreprises, ces statistiques sont plutôt encourageantes », estime la sous-préfète du Var, chargée notamment de la politique de la ville. Et d’argumenter : « Cela démontre, de la part des entreprises, un véritable intérêt pour les quartiers prioritaires, dont la population, peut-être plus jeune qu’ailleurs, représente un vivier intéressant. » La représentante de l’État n’occulte pas pour autant les freins, les difficultés qui subsistent. « Il existe encore des discriminations à l’encontre des jeunes des quartiers prioritaires. C’est un fait. Mais ces jeunes pratiquent également un genre d’autocensure. Trop souvent on les entend dire : “On ne veut pas de nous ”. Il y a une sorte d’appréhension, de défaitisme de leur part, qui les pousse à se replier sur leurs quartiers. Il nous faut donc trouver le moyen de faire se rencontrer ces deux mondes, à travers notamment d’actions de proximité. »
Plus de perspective
Une mission confiée à Face Var, structure choisie pour animer la charte Entreprises et quartiers. « Les jeunes des quartiers peuvent avoir des diplômes, des compétences, de l’envie, mais n’ont pas forcément les codes des entreprises. Du coup, ils hésitent parfois à pousser les portes des entreprises. L’inverse est vrai également : les entreprises peuvent avoir des besoins de recrutement, mais n’ont pas les codes des jeunes des quartiers. Pour briser la glace, en partenariat avec Pôle emploi, ou les missions locales, on organise des Job Academy ou des rencontres autour du sport. Cette année, 150 personnes ont, par exemple, participé à Face O Sport, un tournoi de beach-volley où tout le monde est en short et teeshirt. Les préjugés tombent. Et le jeune peut porter sa casquette à l’envers sans que ça lui porte préjudice », explique Jonathan Trival, responsable du projet Entreprises et territoires chez Face Var. Mais l’emploi n’est pas le seul axe sur lequel travaille la charte travaille. Avec l’Éducation nationale, elle s’efforce de faire rentrer le monde de l’entreprise dans l’école. « L’idée est de désacraliser le monde l’entreprise, de présenter une multitude de métiers pour donner plus de perspectives aux jeunes des quartiers prioritaires », déclare Jonathan Trival. Et en organisant des ateliers dans les entreprises, Face Var lutte également contre les discriminations.