Manifestations sanglantes contre le régime iranien
Cela fait cinq jours que de nombreuses manifestations antigouvernementales se déroulent dans le pays. 13 personnes ont été tuées. Hier, le calme est revenu
Un policier iranien a été tué hier lors d’actes de violences liées aux manifestations antigouvernementales qui agitent l’Iran depuis cinq jours, un mouvement de protestation sans équivalent dans ce pays depuis 2009. Au total 13 personnes, dont dix manifestants, ont été tuées dans les violences qui ont émaillé ces protestations, parties jeudi de Machhad (nord-est), la deuxième ville du pays, pour se propager rapidement à travers le territoire. Le président Hassan Rohani, qui avait appelé au calme dimanche, a averti hier que « le peuple iranien répondra aux fauteurs de troubles », qui ne sont qu’une «petite minorité » selon lui. Revenant à la charge contre le régime iranien, ennemi juré des ÉtatsUnis, le président américain Donald Trump a lui affirmé que « le temps du changement» était venu en Iran.
Nouvelle manifestation hier soir à Téhéran
Au cinquième jour du mouvement de protestation contre le gouvernement et les difficultés économiques, un policier iranien a été tué et trois autres ont été blessés par des tirs d’arme de chasse à Najafabad (centre), selon un site internet de la télévision d’État. Deux manifestants avaient été tués samedi et huit autres dimanche soir dans plusieurs villes d’Iran, selon les médias. Un père et son fils de quatorze ans, ont par ailleurs péri à Doroud (ouest) quand leur véhicule a été percuté par un camion de pompiers volé par des manifestants, d’après le préfet. Hier soir, des petits groupes de manifestants, dont certains scandaient des slogans antirégime, se sont rassemblés dans un quartier du centre de Téhéran sous forte présence policière, selon des vidéos publiées sur les sites de médias locaux et les réseaux sociaux. Le calme était revenu en fin de soirée et plusieurs « meneurs » ont été arrêtés, selon des médias iraniens. La nuit précédente dans la capitale et plusieurs autres villes, des manifestants avaient attaqué et parfois incendié des bâtiments publics, des centres religieux, des banques, des voitures de police ou des sièges du Bassidj (milice islamique du régime).
Les messageries Telegram et Instagram bloquées
Des centaines de personnes ont été arrêtées depuis le début des troubles, dont certaines ont ensuite été libérées. Quatre personnes ont ainsi été arrêtées pour avoir « insulté le drapeau sacré » de la République islamique en le brûlant. Les autorités accusent « des fauteurs de troubles » ou des « contre-révolutionnaires » armés de s’infiltrer parmi les manifestants. Les manifestations se poursuivent en dépit du blocage par les autorités sur les téléphones portables des messageries Telegram et Instagram, utilisées pour appeler à manifester. Elles sont les plus importantes depuis le mouvement de contestation en 2009 contre la réélection de l’exprésident ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad. Trente-six personnes avaient été tuées dans la répression de ce mouvement, selon un bilan officiel (72 tués selon l’opposition). Pointant du doigt une « petite minorité » d’agitateurs, Hassan Rohani a insisté hier sur la détermination du gouvernement à « régler les problèmes de la population », en particulier le chômage. « Notre économie a besoin d’une grande opération chirurgicale », a-t-il dit. « Rohani dit qu’il faut protester d’une façon correcte, mais qu’est ce que ça veut dire ? », se demandait hier Arya Rahmani, un infirmier de 27 ans interrogé à Téhéran. «Si je me contente de lui dire M. Rohani, je suis éduqué mais je suis au chômage ,il s’en fichera complètement ».