« Jamais la première puissance mondiale n’avait provoqué dans tant de capitales ce très étonnant mélange de moquerie et d’appréhension. »
Le président a certes démenti. Force est de constater qu’il n’a guère été cru. De sorte que la bombe a continué de déflagrer, soulevant dans l’opinion publique américaine une vague inouïe d’insultes et de quolibets. Sur le continent africain, et jusque dans les couloirs de l’Onu, toute la gamme des réactions prévisibles : indignation, colère ou raillerie. Loin de nous de prétendre trancher ici la scabreuse question de savoir si Trump a la tête sur les épaules, comme il l’assure (ce dont doutent près de électeurs américains sur ). Ni de décider si les transgressions et les provocations qui ont marqué l’année écoulée relèvent de la maladresse et de l’incontinence verbale, ou au contraire d’une stratégie délibérée visant à capter l’intérêt du public, déstabiliser ses adversaires et flatter le coeur de son électorat. Les deux thèses existent. Un fait en tout cas est acquis, qui constitue en soi un fait politique majeur. En transformant l’exercice du pouvoir en une sorte de super reality show ,oude sitcom permanent, « The Donald » n’a pas seulement subverti tous les codes de la communication politique. Il a changé l’image de la présidence en Amérique et l’image de l’Amérique dans le monde. Et pas en bien. Jamais à notre connaissance un hôte de la Maison-Blanche n’avait suscité chez tant de ses concitoyens tant d’incompréhension et de mépris. Jamais la première puissance mondiale n’avait provoqué dans tant de capitales, amies ou ennemies, ce très étonnant mélange de moquerie et d’appréhension. A moins d’être pétri d’antiaméricanisme, on ne voit nulle raison de s’en réjouir.