«La rencontre de deux fragilités qui s’épaulent»
Hervé Ferrant, directeur général de l’hôpital Les Sources
Le projet « Intégration d’un jeune homme trisomique dans l’équipe d’animation de l’USLD» conduit par l’hôpital privé gériatrique Les Sources à Nice a été primé en novembre dernier lors de la 7e édition des Trophées de l’innovation et Living Labs remis par la FEHAP (Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés non lucratifs). Le directeur de l’établissement, Hervé Ferrant, détaille ce projet.
Qu’est-ce qui vous a motivé à mener cette expérience d’intégration innovante ?
Elle s’inscrit dans la dynamique de la mise en place du service civique au sein de notre établissement. Soucieux de la place du handicap dans l’entreprise, nous avons ainsi mis en oeuvre un partenariat avec Handy Job et l’Association Trisomie afin d’intégrer au sein des équipes un jeune atteint de trisomie .
Pourquoi ce handicap en particulier ?
Les personnes atteintes de trisomie sont susceptibles de trouver en fonction de leur degré d’autonomie, de handicap une place à part entière en entreprise, le contact direct et « non jugeant » étant un véritable atout auprès des personnes âgées.
Comment s’est passée l’intégration de Théo ?
Lorsqu’on a pris la décision d’intégrer une personne porteuse de trisomie , on s’est dit qu’il fallait impérativement que ça marche. Et on a mis six mois à préparer le dossier et à le présenter au personnel. On craignait le rejet.
C’est ce qui s’est passé ?
Pas du tout. Tout le monde a eu envie de jouer le jeu. L’association Trisomie est venue dans nos locaux nous parler de ce handicap, et ça n’a rien changé ; le personnel est resté toujours aussi favorable au projet. Et quelques mois plus tard, il m’a même fait parvenir une pétition qui réclamait : «Où en est-on? Il faut que ce projet avance ! »
Comment ont réagi les patients hospitalisés et leurs proches ?
Lorsque l’on a posé la question : « Est-ce que vous acceptez que l’on confie votre proche à une personne handicapée ? », nous n’avons rencontré aucune opposition. Tout le monde a répondu oui, ou au moins : « Il faut voir, mais pourquoi pas ! »
La suite ?
Au départ, on a recruté Théo comme stagiaire. Mais au bout de trois mois, il est venu me voir : « Le stage c’est bien, m’a-t-il dit. Mais je veux un contrat. » Aujourd’hui, il est en CDD et ça se passe bien, même si ce n’est pas toujours simple. Théo peut parfois se sentir un peu dépassé. Mais, on a la chance, il faut le souligner, que l’animatrice qui l’encadre soit très investie.
Quel regard sur Théo ?
Théo se sent investi d’une mission vis-à-vis des personnes âgées vulnérables. Et inversement. C’est la rencontre de deux fragilités qui se fortifient, s’épaulent et s’apportent mutuellement. Et c’est très beau.