«On cherche juste à humilier les victimes»
Deux ans et demi après la décision qui lui est favorable, TÜV est passé à l’action. À Carqueiranne, Virginie a trouvé, «posé dans la boîte aux lettres », un commandement à payer de 4029 €. C’était le 2 novembre 2017. Quand la relance est arrivée par La Poste en janvier 2018, elle a pris peur et envoyé un règlement par chèque. Mais c’était trop tard. Le 22 janvier, la somme de 4 650 € a été bloquée sur ses comptes en banque – courant et d’épargne. « Je me sens humiliée et trahie », confie cette femme, qui ajoute « ne plus avoir confiance dans la justice française ». TÜV poursuit les femmes « dans le seul but de les humilier », éprouve-telle. L’affaire PIP a miné son moral, elle qui redoute une nouvelle opération et porte encore les mêmes prothèses, sous surveillance et dans un grand état d’anxiété.
« Mas n’a pas versé un euro… et moi je paie ? »
L’avocat de ces femmes, Laurent Gaudon, estime que « les poursuites n’ont aucune motivation financière et cherchent uniquement à punir et humilier publiquement et internationalement les victimes ». Il y voit une volonté de « dissuader quiconque d’attaquer cette multinationale, manifestement dénuée de sens éthique et d’humanité ». Valérie, secrétaire toulonnaise de 49 ans, se montre révoltée. Avec son indemnité, elle avait compensé le coût de l’opération pour le retrait des PIP et la pose de nouveaux implants. « On a fait confiance aux médecins, confiance à PIP, confiance à ceux qui certifient. Jean-Claude Mas [le fondateur de PIP] est insolvable, mais moi, il faut que je paie 4600€ ?» s’étrangle-t-elle. « On n’est pas partis au Club Med avec l’argent ! » Elle en appelle à l’aide de l’État et va « écrire à Madame Macron ». Sur son compte-courant, il n’y a plus qu’un malheureux « reste à vivre », qui lui, ne peut pas être saisi.