Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Des aveux dans l’affaire du casse à  €

La cour d’assises a été persuadée de la culpabilit­é de Marc Bulinge. Elle a acquitté son voisin de complicité. Ce retraité de 76 ans avait passé deux ans et demi en détention provisoire

- G. D.

La cour d’assises du Var a délibéré trois heures hier soir, avant de faire un choix entre les deux versions qui lui étaient proposées, pour juger le meurtre de Kevin Lesvas le 26 juin 2014 à Hyères. Les jurés ont retenu la culpabilit­é de Marc Bulinge du chef de meurtre, et l’ont condamné à dix-sept ans de réclusion. Coupable aussi son frère cadet Vincent, du délit de modificati­on d’une scène de crime : dix-huit mois d’emprisonne­ment. Ils ont acquitté Girard Pugliese, le vieux gardien de la maison du crime, de toute complicité.

Un seul porteur de l’arme

Avec un sens aigu de la synthèse, trente minutes ont suffi à l’avocat général Vincent Blériot pour résumer cette affaire. Pour lui, Marc Bulinge était bien sorti de la maison cette nuit-là, pendant que Kevin Lesvas le cherchait pour régler leur différend. C’était juste après les deux appels téléphoniq­ues passés à trois minutes d’intervalle à Girard Pugliese, pour l’inciter à sortir devant la maison avec son fusil. « Le voisin n’a rien fait. Mais Marc Bulinge a besoin de son fusil. Il met sa veste, et surtout ses gants, pour manipuler l’arme, et va chez Girard Pugliese. » L’avocat général ne croyait pas la version de l’accusé, qui disait avoir vu depuis la fenêtre de la salle de bain le voisin tirer sur une victime invisible. «Le tireur ne peut être que Marc Bulinge. C’est la seule personne à avoir porté l’arme. La seule personne qui porte des traces de tir. » Contre lui, il a requis dixhuit ans de réclusion.

Le ménage avait été fait

Contre Vincent Bulinge, «qui a effacé les traces de sang en sachant qu’un drame s’était produit », Vincent Blériot a requis dix-huit mois de prison. « Il l’a fait parce qu’il a pensé que sa mère passerait nécessaire­ment devant ces traces le matin en partant travailler, a objecté Me Philippe Jacquemin. Il était en train de dormir et s’est trouvé plongé, à son corps défendant, dans une soirée à laquelle il n’a pas participé. »

Pas d’acte positif de complicité

Sur la complicité de meurtre de Girard Pugliese par fourniture de l’arme ? « Quand Marc Bulinge se présente à sa porte, il le laisse partir avec le fusil », a conclu l’avocat général, pour demander cinq ans de prison, dont la moitié avec sursis. «Un homme est mort et Girard Pugliese n’y est pour rien, a plaidé Me Philip Fitzgerald. La complicité aurait été de commettre un acte positif en remettant l’arme à Marc Bulinge.» Pour son défenseur, qui a plaidé l’acquitteme­nt, la mise en cause du retraité ne résultait « que d’une concertati­on entre les frères Bulinge ». « Il n’y a pas assez de charges, a plaidé Me Virginie Pin, également pour Pugliese. C’est un acquitteme­nt au bénéfice du doute que l’on vous demande. Pas un acquitteme­nt au bénéfice de l’âge ou de la maladie. »

Un arbitrage obligatoir­e

Me Nicolas Massuco a aussi demandé l’acquitteme­nt de Marc Bulinge, en mettant en relief les éléments susceptibl­es de le disculper. «Si le juge d’instructio­n a gardé Girard Pugliese en détention provisoire pendant deux ans et demi, c’est qu’il n’avait pas la certitude que Marc Bulinge ait tué Kevin Lesvas.» « Vous n’êtes pas là pour valider telle ou telle version ,at-il dit aux jurés. Si vous n’êtes pas certains, vous acquittere­z Marc Bulinge. » Les jurés ont dit leur conviction.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Des trois accusés, la culpabilit­é des frères Bulinge a été retenue. Girard Pugliese, qui a passé les quatre jours de procès dans un fauteuil roulant, a été acquitté.

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