Macron aux petits soins pour les agriculteurs
Opération séduction. À deux jours de l’ouverture de l’incontournable Salon de l’agriculture, qui ouvre demain à Paris, Emmanuel Macron a voulu rassurer hier le monde agricole français, en invitant quelque 700 jeunes agriculteurs à l’Élysée. Tout en assurant que l’opération n’avait pas été lancée pour acheter la paix avant cet événement toujours très médiatique, même si mercredi encore, des agriculteurs manifestaient dans toute la France contre un accord avec le Mercosur. «Je ne suis pas là pour plaire, je suis là pour faire», a ainsi lancé le président français devant une audience parfois surprise d’être invitée sous les ors de la République. Prônant une « révolution culturelle», le chef de l’État a fustigé les générations de dirigeants qui l’ont précédé et se sont contentés de « tapoter les vaches ».
Les rachats de terre par des étrangers mieux encadrés
Parmi les principales annonces : la mise en place prochaine de «verrous réglementaires» sur les achats de terres agricoles par des étrangers en France, alors que l’acquisition récente par un investisseur chinois de 2 600 hectares de terres à blé dans le centre du pays a provoqué un vif émoi. «Pour moi, les terres agricoles en France, c’est un investissement stratégique dont dépend notre souveraineté, donc on ne peut pas laisser des centaines d’hectares rachetés par des puissances étrangères sans qu’on sache la finalité de ces rachats». Sur le problème plus global de l’accès au foncier pour les jeunes générations d’agriculteurs, Emmanuel Macron a demandé qu’on «imagine» un système de «préretraites agricoles avec une sortie progressive de l’activité » afin de permettre à un jeune de prendre la suite de ses parents. Il a, par ailleurs, annoncé un nouveau dispositif de prêts garantis pour les jeunes agriculteurs, à hauteur d’un milliard d’euros dans le cadre du plan de financement de cinq milliards d’euros déjà promis.
« Jamais de boeuf aux hormones en France »
Le Président était également très attendu sur le dossier Mercosur. Alors que les négociations pour un accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur ont repris à Asunción, les éleveurs français, frappés par une crise, craignent la concurrence générée par l’importation chaque année en Europe de 70 000 tonnes de viande bovine sud-américaine, sans droits de douanes. Ils accusent aussi les producteurs latino-américains d’élever du boeuf aux hormones, sans que cela soit traçable. «Il n’y aura jamais de boeuf aux hormones en France, il ne faut pas jouer avec les peurs des gens », a martelé le chef de l’État. «Il n’y aura aucune réduction de nos standards de qualité, sociaux, environnementaux, ou sanitaires à travers cette négociation.» Les jeunes agriculteurs, qui ont déjeuné sous les lustres de cristal de la Salle des fêtes en présence de plusieurs ministres et de l’épouse du Président Brigitte Macron, ont accueilli le discours du chef de l’État avec une certaine prudence, certains regrettant qu’aucune question n’ait pu être posée, ou que l’essentiel du discours ait été consacré à l’élevage. Même réaction de la part de la FNSEA, qui a salué, par la voix de son secrétaire général Jérôme Despey, « un discours offensif », tout en disant «attendre des actes». «On sera dans le dialogue mais aussi dans la détermination et la fermeté», a prévenu le principal syndicat agricole.