Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Entre nous...

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Puisque, à son corps défendant, Laurent Wauquiez a ouvert en grand les vannes du parler vrai, jouons le jeu de la transparen­ce sur les relations entre la presse et le monde politique. Après tout, il n’y a rien d’infamant à dissimuler. Le patron des Républicai­ns, quels que soient ses grands torts, a raison sur deux points. D’abord celui-ci: une majorité de journalist­es a sans doute le coeur à gauche. Au doigt mouillé, on le mesure dans certaines émissions où les ténors de droite sont soumis à plus rude épreuve. Ce qui n’implique, en rien, une quelconque malhonnête­té. Car avant toute chose, le journalist­e pose un regard défiant, certains diront jaloux, sur tout ce qui touche au pouvoir, qu’importe sa coloration. Wauquiez peut, d’autre part, l’avoir mauvaise de payer pour tous ceux qui se répandent en rosseries, une fois les micros coupés et les stylos recapuchon­nés. Le off est vieux comme la complicité féroce dans laquelle politiques et médias s’entrelacen­t, vieux couple confit d’habitudes qui s’adore autant qu’il s’insupporte. La relation n’est dénuée ni de respect, ni de camaraderi­e, ni même de sincérité parfois. Mais chacun sait toujours le parti qu’il peut tirer de l’autre, dans un billard à trois bandes où l’intox a aussi largement sa place. Les politiques déversent leur fiel et testent des pistes auprès d’oreilles trop heureuses d’en faire leur miel. On baigne en pleine comédie humaine, dans l’intérêt bien senti de chacun. « Le déferlemen­t d’hypocrisie autour de Laurent Wauquiez atteint la Palme d’or. Les journalist­es ont-ils donc oublié comment Chirac parlait de Balladur, Sarkozy, Giscard ou Thatcher ? Et nous, quand nous n’aimons pas tel ou tel ? », a opportuném­ent rappelé l’ancien ministre de l’Education, Luc Ferry. Au boulot, en famille, dire du mal est un sport national qui nous vaudrait un joli baluchon de médailles s’il était olympique. Attention, là s’arrête cependant la défense de Laurent Wauquiez. Quand il a enregistré Nicolas Sarkozy à son insu, Patrick Buisson est, à juste titre, passé pour le « salaud » de l’histoire, quoi qu’il ait pu révéler d’important. Il en va autrement pour l’étudiant qui, instrument­alisé ou pas, a piégé le président de LR. C’est bien la légèreté de Wauquiez qui est ici en cause. A la fois son mépris pour ses semblables et sa grande naïveté de croire que tout cela resterait sous le manteau. Passe, peut-être, d’avoir dézingué la moitié de la France. Chacun sait l’ego de nos grands fauves. Nul ne leur demande de se muer en enfants de choeur. Précisémen­t ! S’être ainsi fait piéger comme un bleu laisse pantois, venant d’un homme qui aspire à détenir le code nucléaire. De la réprobatio­n qu’il a suscitée, le Ponot

() peut au moins tirer un réconfort : ses écarts inquiètent parce qu’on lui prête un destin. Il va toutefois devoir cravacher pour l’accomplir.

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