La bataille du rail peutêtre lancée à la mi-mars
Les syndicats de la SNCF en ont décidé ainsi hier en fin d’après-midi. D’aucuns rêvent d’un grand mouvement social comme celui de 1995 qui avait fait plier Juppé
Les syndicats de la SNCF ont décidé, hier, de donner une chance à la concertation avec le gouvernement sur son projet de réforme du groupe public, avant d’arrêter, le 15 mars, une éventuelle date de grève. « Si le 15 [mars] nous constatons que le gouvernement est dans la logique d’un passage en force, c’est-àdire qu’il maintient son projet en l’état, alors il y aura grève à la SNCF », a déclaré Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots (1er syndicat du groupe), à l’issue d’une réunion intersyndicale. Le syndicat de Montreuil a sans doute en tête 1995, année où les cheminots avaient fait plier le gouvernement d’Alain Juppé. D’où la volonté d’engager un conflit social sans précédent depuis vingt ans. « Pour faire plier le gouvernement, il va sans doute falloir un mois de grève », avait prédit, lundi, Laurent Brun dans Le Parisien. Le point de crispation est apparu lundi lorsque le Premier ministre Édouard Philippe avait annoncé son intention de réformer la SNCF « avant l’été » avec des ordonnances et en supprimant le statut de cheminot pour les nouveaux embauchés. « On a convenu de se réunir après la présentation du projet de loi d’habilitation des ordonnances, qui devrait tomber le 14 mars », afin d’examiner « le contenu » de ce texte, a expliqué Roger Dillenseger de l’Unsa (2e syndicat). « On a fait un travail entre organisations syndicales pour sortir une position unitaire responsable. On s’est engagé à entrer en concertation avec le ministère » des Transports, a-t-il ajouté.
Manif du mars maintenue
Laurent Brun a précisé que la manifestation prévue le 22 mars par la CGT, avec l’Unsa et SUD-Rail, était « maintenue ». La CFDT décidera « la semaine prochaine » si elle les rejoint, a indiqué Olivier Boissou, l’un de ses représentants. SUD-Rail s’est dit « plutôt satisfait de la teneur des débats ». Une concertation sur différents pans de la réforme est prévue en mars et avril par le gouvernement. Elle devra notamment « identifier » les contraintes des métiers du rail, selon la ministre des Transports, Élisabeth Borne, qui recevra, demain, les quatre syndicats représentatifs de la SNCF, lors de rendezvous séparés. « Nous avons constaté que toutes nos critiques sur le rapport Spinetta [publié le 15 février, ndlr] ont été balayées par le gouvernement, rien n’a été retenu. Si on est dans cette situation de dialogue-là, on n’est pas dans le dialogue, on est dans la confrontation et donc on assumera la confrontation», a prévenu le patron de la CGT-Cheminots. «Tant qu’on n’est pas dans une négociation des contenus, on est dans la confrontation », at-il insisté.
Alerte sociale ce soir
« Si ça ne bouge pas » d’ici au 15 mars, « un préavis de grève sera déposé et ce sera une grève reconductible et dure », a déclaré Didier Aubert de la CFDT. Les quatre syndicats vont « envoyer demain [lire aujourd’hui] un courrier au Premier ministre et à la ministre des Transports », où ils diront que « le statut des cheminots n’est pas le sujet de la réforme », a-t-il ajouté. « En prévision » d’un éventuel mouvement social, les syndicats vont déposer « dès demain soir [lire ce soir] une alerte sociale » nécessaire avant tout préavis de grève à la SNCF, a indiqué Laurent Brun.