Autisme: ouvrir les yeux sur «une réalité violente»
A quelques jours d’un quatrième “Plan autisme”, le Jean-Marc Bonifay, auteur, autiste Asperger et président d’Autisme Paca, tire la sonnette d’alarme
Six-Fournais
C «es mots retentissent en moi et sont une vérité : les autistes ne peuvent accepter la société comme elle est, ne peuvent supporter la dureté de cette vie, et utilisent leur QI à chercher des solutions ; nous sommes face à un problème mathématique qui ne peut être résolu et nous passons notre vie à chercher des solutions qui n’existent pas dans ce monde ». Dans son deuxième livre (1), JeanMarc Bonifay témoigne de sa « vision autistique de la société ». À quelques jours d’un quatrième “Plan autisme” (2), l’auteur six-fournais, autiste Asperger et président d’Autisme Paca, dénonce une « réalité violente ». Celle que traversent de nombreux autistes après l’adolescence. Au fil des pages, le militant évoque « une réalité complexe», «dramatique», «parfois violente ». Celle des autistes mais aussi de leurs proches. Pour les familles, la situation s’aggrave lorsque les troubles psychiques s’ajoutent à l’autisme. Généralement à partir de quinze ans.
Handicap et suicide: la double peine
« Les autistes de haut niveau (Asperger) sont les plus touchés. Ils peuvent développer des troubles de l’humeur, des troubles obsessionnels compulsifs (Toc), troubles anxieux, dépression, anorexie, etc. » , reprend Jean-Marc Bonifay. Pour ceux-là, la psychiatrie devient un passage presque « obligé ». Mais, « en l’absence de solutions, la violence de la personne autiste se retourne généralement contre les parents... », pointe le président d’Autisme Paca. « La première cause de mortalité chez les autistes de haut niveau est le suicide. De plus en plus de parents d’autistes, vieillissants, isolés, livrés à des situations inimaginables, en arrivent aux mêmes extrémités. Dans ce cas-là, le handicap et le défaut de prise en charge de la société sont une double peine ».
autistes sans “place” dans le Var
L’autisme, c’est 1 % des naissances françaises. « Selon les chiffres, environ 200 adultes autistes vivraient chez leurs parents, faute de place en établissements ou en services spécialisés, dans le Var », poursuit Jean-Marc Bonifay. « Il faut saluer les associations, les professionnels et le milieu hospitalier qui, malgré une crise évidente des moyens, continuent d’accueillir toute la misère du monde », ajoute-t-il. Le président d’Autisme Paca veut croire en ce « lien indéfectible » qui unirait les professionnels de tout bord autour d’une « vision humaniste commune». Il rend hommage aux clubs services, qui soutiennent un grand nombre d’actions par leurs dons. Et rappelle aux « institutions compétentes » l’urgence à « ouvrir des foyers de vie et des ESAT
(3) acceptant les personnes présentant un trouble du spectre autistique ». 1. “Un autiste en société”, paru en novembre dernier aux éditions A la Fabrique.
2. Dans quelques jours, le gouvernement doit dévoiler le contenu du quatrième “Plan autisme”, porté par Sophie Cluzel, secrétaire d’État en charge du handicap, et concernant 700 000 français atteints de troubles neuro-développementaux.
3. Établissement et service d’aide par le travail.