Var-Matin (La Seyne / Sanary)

L’éternel dilemme

- de THIERRY PRUDHON Reporter edito@nicematin.fr

Est-il opportun d’entrouvrir la porte à la proportion­nelle ? En la matière, le coeur a ses raisons que la raison tempère. Chez nous, la proportion­nelle souffre d’une double tare originelle. L’instabilit­é parlementa­ire et gouverneme­ntale de la IVe République, cette République des « petits partis cuisant leur petite soupe au petit coin de leur feu », selon la formule méprisante du général de Gaulle, avait conduit ce dernier à lui substituer illico le scrutin majoritair­e en . En , François Mitterrand lui a ensuite porté le coup de pied de l’âne. Même si elle figurait parmi ses cent dix propositio­ns de , il a durablemen­t discrédité la proportion­nelle en l’utilisant comme un artifice pour limiter le naufrage législatif d’un Parti socialiste alors en perdition, déjà ! Jacques Chirac, devenu Premier ministre, mit un terme immédiat à l’expérience. Elle n’avait, pourtant, en rien paralysé la France. Malgré l’entrée de trente-cinq députés frontistes, dont Jean-Marie Le Pen, à l’Assemblée, Chirac a disposé, entre  et , d’une majorité claire pour gouverner à sa guise, chasses gardées présidenti­elles jalousemen­t mises à part. Moins que jamais aujourd’hui, le rejet de la proportion­nelle ne saurait se fonder sur la seule volonté de faire barrage au FN, parti reconnu par la République. Introduire  à  % de proportion­nelle, comme le souhaite le gouverneme­nt, instillera­it un soupçon de justice électorale, de nature à satisfaire l’esprit d’équité, sans risque de chaos. Reste à savoir si ce pis-aller suffirait à redonner le goût des urnes à tous ceux qui leur ont tourné le dos. Vaste gageure…

« Chirac a disposé, entre 1986 et 1988, d’une majorité claire. »

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