Zones à éviter
Un échographe ultra-haute fréquence pour analyser l’activité du cerveau en temps réel : cette étude pilote est conduite par le CHU de Nice
C’est un nouvel outil qui pourrait contribuer à enrichir encore la chirurgie éveillée, une technique qui a révolutionné la prise en charge des gliomes, ces tumeurs cérébrales très infiltrantes et longtemps jugées inopérables (lire ci-contre). « L’échographe à ultra-haute fréquence permet de détecter de très faibles variations du flux sanguin au niveau du cortex moteur, cette large zone du cerveau qui commande les mouvements volontaires», résume le Dr Fabien Almairac qui conduit, avec le Dr Raffaeli et le Pr Fontaine, l’étude en cours au CHU de Nice. D’où l’idée de ces experts d’utiliser cet appareil novateur pour mesurer en temps réel l’activité du cerveau, dans un contexte de chirurgie éveillée. «Au moment de la réalisation d’une tâche, le flux sanguin augmente dans la zone du cerveau impliquée, afin de lui fournir tous les nutriments et l’oxygène nécessaires à son fonctionnement », précise le Dr Almairac, neurochirurgien. Les patients opérés pour un gliome en chirurgie éveillée qui ont participé à l’étude se sont vu appliquer
(1) ce nouvel échographe au niveau du cortex (zones motrices). «Onaensuite demandé au patient de réaliser un mouvement, en l’occurrence une flexion de l’avant-bras; et on a ainsi pu visualiser très précisément la zone responsable de ce mouvement. »
Un individu, un cerveau
Si le phénomène de couplage neurovasculaire (entre l’activité des neurones et l’augmentation du flux sanguin) est connu depuis plus d’un siècle, «c’est la première fois qu’il est identifié en temps réel au bloc opératoire avec un appareil à ultrasons ». Les médecins responsables de l’étude envisagent désormais d’aller un peu plus loin en s’intéressant à des zones du cortex recrutées pour la réalisation d’autres tâches que la motricité: la vision, la sensibilité, le langage… «La stimulation électrique directe (SED) reste l’outil “gold-standard” de la chirurgie éveillée, insiste le Dr Almairac. Mais cette nouvelle approche pourrait à long terme nous aider dans l’identification du cortex cérébral fonctionnel pendant la chirurgie éveillée. » Une étape capitale, sachant qu’aucun cerveau n’est identique à l’autre. Et que la présence même d’une tumeur qui évolue depuis des années peut induire un «déplacement» des zones fonctionnelles du cerveau. Pour un neurochirurgien, chaque intervention ressemble ainsi à « une première Pratiquée depuis les années à Nice, la chirurgie éveillée avec stimulation électrique directe permet d’identifier en temps réel les zones fonctionnelles du cerveau. « Après avoir repéré les limites de la tumeur, explique le Dr Almairac, on cartographie le cerveau en stimulant point par point le cortex à l’aide d’une électrode. On fait réaliser dans le même temps au patient des tâches de motricité, de sensibilité, de langage, de vision et de diverses fonctions cognitives (mémoire, empathie,...). On sait dès lors quelles sont les régions cérébrales que l’on doit épargner, et celles envahies par la tumeur que l’on peut retirer, ce qui permet de préserver les fonctions neurologiques du patient, et donc sa qualité de vie. »
fois». Mais une première fois qui ne donne pas droit à l’erreur. 1.Cesétudesserontprésentéesaupubliclorsdela«Journée spéciale santé » proposée dans le cadre de la Semaine du cerveau, vendredi 18 mars à 9 heures au Galet Pasteur 2 à Nice. Inscription obligatoire : http://bit.ly/2nTdDnr