Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Bière de la rade : la Girelle est morte, vive la Censurée Toulon

La micro-brasserie vient de décider de renommer le nom de sa première blonde, commercial­isée depuis plus de deux ans. En cause : une menace du géant Heineken

- PIERRE-MICKAËL AYI pmayi@nicematin.fr

Les faits

La micro-brasserie toulonnais­e Bière de la rade a décidé, mercredi, de remplacer le nom de sa première blonde, la Girelle, commercial­isée depuis plus de deux ans (le 8 octobre 2015). Le produit, lui, reste le même : les revendeurs ont reçu des étiquettes adhésives de masquage, où est inscrit le terme « censurée » en rouge. Elles sont collées sur les bouteilles sorties des cuves depuis belle lurette. Par ailleurs, des prospectus seront distribués au public dans les points de vente.

Pourquoi changer de nom ?

Les deux fondateurs ont tardé à déposer le nom sur le site Internet de l’Institut national de la propriété industriel­le (Inpi) afin de le privatiser. Le 8 octobre 2015, en plein festival Rade side of the moon, la société SAS Heineken a déposé

(1) ce même nom, devenant ainsi la propriétai­re exclusive de la marque (lire ci-dessous). En mars 2017, Simon Chevillot et Charles Doerr ont reçu un courrier recommandé d’un cabinet d’avocats, représenta­nt la SAS Heineken, les informant du dépôt Inpi ainsi qu’une demande de dédommagem­ent de centaines de milliers d’euros pour avant de se lancer. Et puis, on a reçu un courrier… » Simon : « Au début, lorsqu’on a reçu la lettre avec accusé de réception, on a flippé. (il souffle) » Charles : « Oui, car il était quand même question de dédommagem­ent, pour avoir utilisé leur marque. Mais on a fait face. Notre chance, c’est qu’on a un juriste parmi nous. Il nous a indiqué que le préjudice n’existe pas vu qu’ils (Heineken) n’ont rien commercial­isé. Et on est aussi conseillé par le Syndicat national des brasseurs indépendan­ts (SNBI), avoir utilisé la marque. Pour rappel, le géant de la brasserie affiche un chiffre d’affaires en 2017 de 21,8 milliards d’euros. Pour l’heure, la Girelle reste une coquille vide : aucun produit n’a été commercial­isé par le géant néerlandai­s. qui nous accompagne et nous soutient. »

Avez-vous rencontré physiqueme­nt ou contacté par téléphone Heineken ?

Charles : « Non, nous ne les avons jamais abordés directemen­t. Ce ne sont que des échanges entre juristes. Ils disposent d’un cabinet d’avocats parisiens spécialisé dans la propriété industriel­le. Ils ne font que ça. Ce combat, c’est un peu David contre Goliath ! »

Avez-vous essayé de négocier ?

Charles : « On a essayé de conserver le nom pendant

Que devient la Girelle ?

La Bière de la rade, jamais à court d’idées de communicat­ion, va organiser l’enterremen­t en première classe de son premier « bébé ». La vidéo sera bientôt disponible sur Internet, où la Bière de la rade espère recueillir de nombreux soutiens. « Nos revendeurs sont solidaires, ils continuent de nous soutenir », explique l’un des fondateur, Simon Chevillot.

Et maintenant ?

La Censurée n’est que provisoire. Le public sera consulté prochainem­ent, sur le site, afin de renommer la bière blonde. A suivre, donc... 1. Contactée, la société Heineken n’a pas répondu dans les délais de parution. La Bière de la rade, 300 rue Amiral-Nomy à Toulon. Rens. : 07.67.42.52.06. un temps, tant qu’ils (Heineken) ne nous l’imposait pas. Mais avec les poursuites juridiques, on aurait au moins eu à rembourser les frais d’avocats. Ça ne servait à rien d’attendre. » Simon : « On en a tiré une leçon. On a tout déposé maintenant ! (rires )»

Pourquoi l’avoir appelé la Girelle à l’origine ?

Simon :«Onestnéeto­na grandi ici. C’était le clin d’oeil à notre région. En général, c’est le premier poisson de roche que tu pêches avec ton père, dans le coin. » Ouverte en , la brasserie située à la porte des Oliviers,  rue Amiral-Nomy, propose déjà des étalages bien garnis de la Censurée, achalandée aux côtés des Daurade, Rascasse et autres Barrac’. Et ce n’est pas tout : d’Avignon à Nice, la Bière de la rade bénéficie de près de  points de vente sur tout le bassin méditerran­éen et sur les hauteurs du Verdon. Elle est même proposée aux expatriés de la rade, à Toulouse, Chamonix et SaintMalo. Pour afficher un point de vente, consulter le site Internet www.bieredelar­ade.com, rubrique « Où trouver nos produits ».

 ?? (Photos Frank Muller) ?? Simon Chevillot et Charles Doerr, fondateurs de la Bière de la rade, contraints et forcés de changer l’appellatio­n. Savoir + En attendant les stocks de bouteilles de la Censurée, l’emploi des étiquettes adhésives est de rigueur. Le  octobre ,...
(Photos Frank Muller) Simon Chevillot et Charles Doerr, fondateurs de la Bière de la rade, contraints et forcés de changer l’appellatio­n. Savoir + En attendant les stocks de bouteilles de la Censurée, l’emploi des étiquettes adhésives est de rigueur. Le  octobre ,...

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