Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Xavier Bertrand reste « à portée d’engueulade »

- KARINE MICHEL kmichel@nicematin.fr

L’ancien ministre du Travail de François Fillon, Xavier Bertrand, a pris sur ses congés pour répondre favorablem­ent à l’invitation de son ami, le maire de Brignoles, Didier Brémond. « Et puis pour tout vous dire, j’aime les foires expo » bonnes pour l’emploi, pour l’économie. Le président de la région des Hauts-de-France s’est donc prêté avec le sourire aux poignées de mains et aux échanges dans les allées de la foire, avant une réunion publique pour expliquer sa démarche. Celui qui installe et structure partout sur le territoire, son club de pensée « La Manufactur­e » est plus que jamais convaincu que « la vérité n’est pas dans les bureaux parisiens… ».

« Je me comporte comme un maire »

Ce n’est sans doute pas un simple désaccord de fond avec la ligne de Laurent Wauquiez qui lui a fait claquer la porte des Républicai­ns : s’il n’a pas admis qu’au lendemain du premier tour, « on ne dise pas de voter Macron pour faire barrage au Front national », Xavier Bertrand ne croit plus aux partis politiques pour trouver des idées. Et veut être «absolument indépendan­t. » A la tête d’une région de six millions d’habitants, «je me comporte comme un maire [...] Je reste à portée d’engueulade ». Celui qui a dit non à Emmanuel Macron – Xavier Bertrand a été contacté pour devenir Premier ministre – regrette aussi cette « agressivit­é en politique. Se lever tous les matins en étant obligé de démolir le camp d’en face. S’interdire de reconnaîtr­e qu’une idée peut être bonne, le non par principe ». D’ailleurs, il aurait sûrement voté la réforme de la SNCF sans aucun enthousias­me certes : «L’ouverture – partielle – à la concurrenc­e c’est la seule façon de réveiller la SNCF. Je crois au service public, le problème c’est le monopole. Et puis le gouverneme­nt a voulu montrer ses muscles et dans ce bras de fer avec la CGT, il y a l’usager dont on ne parle pas.» De même, il est favorable à la réforme de l’apprentiss­age... Il aurait aussi sans doute voté la loi asile et immigratio­n «même si à mon avis, elle n’est pas suffisante. Et puis surtout, ça serait bien déjà d’appliquer la loi », lâche-t-il, en citant l’exemple de Calais. « Il faut que la police soit efficace, la justice ferme. » Et à un an des élections européenne­s, «c’est aussi à l’Europe de jouer un vrai rôle. Sans oublier une action en Afrique… » Un an après l’élection d’Emmanuel Macron, le président des Hauts-de-France préfère ne pas commenter. «Je ne suis plus commentate­ur », sourit-il d’ailleurs, quand on l’interroge sur les propositio­ns de Laurent Wauquiez pour lutter contre l’immigratio­n de masse.

«Il n’écoute pas la voix du terrain»

Alors cette première année d’exercice d’Emmanuel Macron ? Xavier Bertrand salue le changement d’image à l’internatio­nal mais s’interroge sur les raisons pour lesquelles «ils – Emmanuel Macron et son gouverneme­nt – ne sont pas plus à l’écoute de ce que disent les Français. Je ne comprends pas pourquoi ils passent à côté de la question du pouvoir d’achat, pourquoi ils n’entendent pas les messages des territoire­s, des élus locaux .» « Le problème de ce gouverneme­nt, ajoute enfin Xavier Bertrand, c’est qu’il n’écoute pas assez la voix du terrain, la voix d’une France qui travaille mais qui, aujourd’hui, ne s’y reconnaît pas. Il y a toujours eu des différence­s en France. Mais, aujourd’hui, ces différence­s deviennent des injustices. Il y a deux France qui sont en train de s’éloigner. Le rôle d’un président de la République c’est de rassembler ! »

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(Photo G. Rinaudo) Invité par Didier Brémond (ici à droite), Xavier Bertrand était hier l’hôte de la Foire de Brignoles.

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