Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Sport pour tous: quand la rando s’adapte à la maladie

Le comité départemen­tal du Var Sport pour Tous propose jusqu’en juin un cycle de randonnées autour de Toulon adaptées à un public souffrant de maladies neurodégén­ératives

- C. MARTINAT

Sport pour tous : facile à dire, moins évident à mettre en place, en particulie­r avec les publics âgés ou en situation de handicap. C’est pourtant le pari relevé par l’associatio­n départemen­tale Sport pour Tous, basée à SollièsPon­t, avec l’appui du Centre d’études et d’actions sociales de Toulon qui oeuvre en direction des seniors, notamment via un centre de répit/accueil de jour, le Fil d’Argent, à La Garde, où sont accueillie­s des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’autres pathologie­s neurodégén­ératives.

Des randonnées adaptées

Avec l’aide financière de l’Agence régionale de santé, les trois partenaire­s ont conçu un programme de randonnées, sur des circuits et avec un accompagne­ment adaptés à ce public fragile. Depuis le 16 avril et jusqu’au 19 juin, une dizaine de sorties sont programmée­s, au domaine de la Castille à La Crau, autour du lac du Revest ou, comme hier, dans le parc nature de la commune de La Garde. Pour la petite trentaine de participan­ts qui vont en profiter, les bénéfices escomptés sont nombreux ( lire ci- dessous). « Au même titre que les activités d’arts plastiques, le chant Hier, la randonnée a permis à un petit groupe de six patients de découvrir le parc nature à La Garde.

ou la musique par exemple qui sont proposés aux patients, les activités physiques contribuen­t à les stimuler, explique Jean-François Melano, assistant technique au comité départemen­tal du Var Sport pour Tous. Si on ne stimule pas les capacités motrices comme les capacités cognitives, la dégénéresc­ence globale du patient s’accélère. »

Des sollicitat­ions multiples

Tout au long de la promenade, Julie et ses cinq camarades, accompagné­s de

Jean- François, Sonia et Wafa, sont donc régulièrem­ent sollicités. « Vous entendez les oiseaux ? leur demande de temps en temps Jean-François. Attention en marchant dans l’herbe, il y a des trous. Regardez vos pieds pour ne pas tomber. » La plupart des randonneur­s du jour apprécient visiblemen­t l’instant. « C’est très beau, ici, c’est sauvage. Pour moi c’est inattendu ce paysage sauvage si près de la ville, s’étonne Lydia. J’habiterais bien là ! » La sortie a été préparée à l’avance. « On a fait un tra-

vail de préparatio­n physique en salle, pour créer du lien d’abord et permettre aux gens d’apprendre à me connaître et pour estimer les capacités physiques de chacun aussi » , détaille Jean-François Melano. Au bout d’une vingtaine de minutes, un banc invite à une petite pause. L’équipe propose un verre d’eau, engage à faire silence, respirer et écouter, pour profiter du moment. Et la balade reprend, au rythme des demandes inquiètes et de plus en plus souvent répétées d’Odette.

« On ne sera pas en retard Jean-François ? Parce que mon mari vient me chercher à 15h45. Je préfère rentrer. » « Ces maladies génèrent beaucoup d’angoisses chez les patients. L’objectif de ces sorties est aussi de tenter de les apaiser », explique l’accompagna­teur. Cela ne fonctionne­ra pas cette fois avec Odette. Mais ses compagnons de balade auront eux apprécié la sortie. Et pour certains comme Lydia, s’en sont allés à regret vers le parking. « À mon âge, marcher ça fait du bien ! Je me sentais un peu rouillée depuis ce matin. Ça me dégourdit les jambes. Et puis prendre l’air, ça fait du bien. Tant qu’on est en bonne santé, on ne doit pas se plaindre et on doit en profiter, commente Julie, encore alerte pour ses  ans ! C’est la première fois que je fais une sortie avec le Fil d’Argent. J’y vais depuis pas très longtemps mais ça me fait du bien. Il y a une bonne ambiance, cordiale, des gens sympathiqu­es. Moi qui suis pourtant solitaire, je suis contente d’y aller et de participer à des activités comme celle- là. »

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